Au moment où j'écris cette critique, je suis encore un peu partagé sur la note à lui donner. Ce Big Bad Wolves contient de l'excellent et du moins bon, retour sur ce film mi-cuit mais pas fade.

Soyons bien d'accord et je reviendrai sur ce point, le scénario parfois malin quoi que globalement classique possède plein de petites incohérences, et la mise en scène manque à certains moments d'une certaine finesse qui lui aurait été salutaire. C'est assez étrange comment un film qui cherche en premier lieu à se plonger dans un réalisme glaçant, part ensuite dans le film de violence gratuite, on y trouve du thriller aussi, et chose agréable un peu d'horreur, pas celle à base de jump scare, ni même de monstres ou d'esprits quelconque, non celle qui surprend et qui plonge dans un état angoissant pour peu qu'on tienne bien. Mais forcément avec un tel mélange tout n'est pas miscible l'un dans l'autre.

C'est bien simple ce film copie les films de genre à la perfection :
- gentil benêt accusé par tout le monde - check
- flic pourri qui en fait a un bon fond mais quand même pas tant - check
- chef de police bedonnant - check
- psychopathe vengeur - check
- psychopathe vengeur préparant sa psycho-cave - check
- la première victime est trouvée dans une position parfaitement dégradante - check

Et encore je ne fais pas toute la liste, j'ai relevé une dizaine de points environ.

MAIS pourtant la mixture obtenue n'est vraiment pas mauvaise, elle est même plutôt bonne grâce à une ambiance parfaitement réussie, même le début bien qu'elle peut sembler fade donne au final un contraste succulent et permet de tisser tout un ensemble de liens avec les personnages, c'est essentiel et c'est plutôt bien fait.

Comment imaginer la réactions de certains personnages, comme celle du tortionnaire et son père ? j'ai eu l'horrible impression que sans avoir réussi à réaliser un véritable huis-clos le réalisateur a voulu y rajouter des personnages ? La rencontre entre une première partie profondément réaliste et la suite beaucoup plus extrême montre bien l'opposition de style quasi-schizophrène de ce film à deux têtes. Assez ironiquement c'est aussi ça qui lui donne son charme.

Loin des habitudes américaines, de son image léchée et de son univers parfois trop propre ( avec le nouveau Silit-Biiip je nettoies tout de la cave au grenier, mais honnêtement je me suis arrêté à la cave) on a droit à une image qui me rappelle davantage une esthétique ouest-européenne mettant en avant l'austérité du lieu dans un univers oppressant et dégoutant. Une grande cave loin sous terre, un éclairage poussiéreux façon ampoule à économie d'énergie, une cave semblant avoir été réellement abandonnée, quoi de plus sordide ?

Et puis il y a cette façon de filmer, et ces couleurs, froides et toutes en ombre. Dans la première partie, la caméra agit comme une scène de films policiers très classique, tout en découpe et centrée sur des morceaux de la scène ou des points d’intérêt : le pauvre gars tabassé, les deux policiers, le supérieur, le gosse, et petit à petit on va virer vers le film d'horreur, soulignant davantage le ressenti des personnages par des découpages fréquents entre les personnages, jusqu'à la seconde partie qui s'inscrit dans une démarche toujours très classique mais encore une fois le travail n'est pas mauvais du peu que je puisse en juger.

Donc pour faire simple, le scénario est original, mais rate ponctuellement le coche, et techniquement c'est plutôt réussi reste les personnages et leurs acteurs.

Les personnages sont globalement bons et même la plupart du temps tout à fait justes, parfois un peu trop courageux, ou trop détachés à mon goût, disons que tous les personnages ne sont pas bons au même moment ce qui est parfois visible, est-ce dans le jeu des acteurs ou dans la façon dont les personnages ont été faits ? je me tâte encore pour le savoir aussi n'irais-je pas plus loin sur ce point.

Que retenir de ce film ?
- qu'il est bon même si tous ne peuvent pas accrocher aux partis pris de réalisation et de mise en scène
- qu'il est plutôt intéressant
- qu'il n'est pas dénué d'un certain gout pour le morbide plutôt amusant
- qu'il est très classique hormis quelques originalités notamment dues au mélange des genres
- qu'il manque quand même pas mal de profondeur (d'ailleurs je ne lui en ai pas trouvé)
- qu'il est parfois maladroit et brouillon

Je finirai cette critique en faisant néanmoins cette remarque : je ne suis pas étonné que Tarantino ait considéré ce film comme son film de l'année, car si l'on prenait l'univers fantaisiste du réalisateur de Kill Bill et de Reservoir Dogs pour le transférer dans un mode réaliste, il est fort probable qu'on obtiendrait un film proche de Big Bad Wolves.

Note à mon moi du futur : 6,5/10 constitue une note parfaite. Puisque les demi-points ne sont pas autorisés et que la note globale est de 6,4/10 j'arrondis à 7/10
Crillus
6
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le 1 juil. 2014

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Crillus

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