Est-ce un avion ? Est-ce un oiseau ? Non, c'est... un acteur qui se suicide.

Un jour après avoir maté "Perfect Blue", un film qui raconte l'histoire d'une actrice dépressive en proie à des visions, avec ma copine, on s'est maté "Birdman", un film qui raconte.... heu... l'histoire d'un acteur dépressif en proie à des visions.

Bref, il y a deux sortes de films primés aux Oscars, les films qui me font dire "Ha, oui, ce film le mérite" (Le Parrain, Annie Hall, La liste de Schindler, Le retour du Roi, voyage au bout de l'enfer, etc...) et les films qui me font dire "mouaif... pourquoi ce truc à remporté l'oscar déjà ?" (Un homme d'exception, Chicago, Shakespeare in love.. surtout "Shakespeare in Love" en fait.) Après l'avoir vu, je dirais que Birdman aurait plutôt tendance à faire partie de la première liste...

Il y a une mauvaise raison pour laquelle regarder ce film c'est pour son record du "plan séquence (truqué) le plus long de l'histoire du cinéma". En ce moment, je ne sais pas pourquoi, le plan séquence est à la mode, entre Birdman, True Détective, Daredevil, on le met partout. Pas que ça me déplaise (j'ai rien contre le plan séquence en soit et ça me fascine assez comme technique) mais je me demande pourquoi "maintenant." Parce que c'est plus facilement truquable avec le numérique ? Ca fait un bon moment que c'est le cas, non ? D'autant plus que dans Birdman, les coupures "truquées" sont quand même aisément visibles (noirs, immeubles passant en time-laps, passage vers un écran diffusant une vidéo, objet en image de synthèse s'écrasant sur le mur, etc...)

Pour autant, le plan séquence est-il gratuit ? Ho que non. Pour avoir fait du théâtre, l'utilisation du plan séquence dans un film se situant dans une salle de théâtre fait sens : on suit les personnages dans les coursives, dans les différentes pièces des coulisses, assez étroites au point qu'on peut presque à la fin du film faire une carte des lieux. Et ça retranscrit bien le ressenti qu'on a en coulisse (consistant souvent à passer d'un couloir à un autre, a changer de costume, etc...) De plus, sur un plateau de tournage, un plan séquence est une sorte de pièce de théâtre en soit, puisqu'il faut avoir répéter les scènes, le placement des personnages, qui entre ou qui sort à tel ou tel moment. Certes, ça ne se voit pas pour le spectateur, mais l'analogie est assez évidente. Et puis ça permet des scènes assez intéressantes, comme celle du peignoir coincé où l'on voit le personnage principal fait tout le tour du bâtiment en temps réel après un incident qui l'a bloqué dehors pour réintégrer sa propre pièce.

Ca fourmille dans ces coulisses de pièces de théâtre, autour du personnage de Micheal Keaton, excellent en star has been d'hollywood qui tente de remonter la pente au théâtre. Celui-ci est loin d'être totalement sympathique et parfois exécrable, tout comme une bonne partie des personnages (Edward Norton en tête...) C'était assez risqué de faire du héros un personnage bouffi d'orgueil et qu'on a parfois envie de baffer... mais on s'y attache assez bien. Les acteurs sont tous très bons dans leur rôle, ce qui fait vraiment plaisir à voir.

Le film multiplie évidemment les clins d'oeil à la réalité avec notamment la mode des super héros qui crèvent l'écran, Birdman est une métaphore de Batman (celui de Burton dans lequel Keaton à joué) et et lorsqu'ils parlent du personnage joué par Norton qui "devait faire partie des Avengers mais qui a laissé tombé parce que le rôle ne lui convenait pas" impossible de ne pas penser à sa tentative de faire Hulk. Autre chose en phase avec son temps, l'utilisation de Twitter et des réseaux sociaux comme indice de la notoriété : cela sonne "juste" avec des chiffres qui font assez vrais. Rien que ça, m'a vraiment plus.

Du reste, si le film est très agréable et que je n'ai pas senti les deux heures et demi de films passer, il y a des intrigues que je trouve étrange : quel est l'intérêt de faire sortir les deux actrices ensemble ? Et c'est quoi cet histoire de maison que le personnage veut vendre ? ... Et c'est quoi le rapport avec la comète qui s'écrase ? et de fil en aiguille j'ai l'impression que le film a ouvert plein de portes pour ne jamais vraiment les refermer.

Du reste, je comprend que le film ai gagné l'Oscar cet année, et même s'il ne restera pas dans l'un de mes films préféré... j'ai passé un bon moment et j'ai globalement aimé.