A première vue, Birdy serait un bon gros drame dénonçant les effets traumatiques de la guerre - ici le Vietnam - sur des hommes loin d'être prêts à y être circonscrits ; sauf que c'est avant tout une très belle histoire d'amitié et de liberté, finalement très surprenante...


Nous faisons donc d'abord connaissance avec ce fameux Birdy (Matthew Modine), mutique et prostré dans une cage appelée asile, puis le sergent Columbato (nom de volatile italien), interprété par un tout jeune Nicolas Cage, gravement blessé au visage par cette guerre... Alan Parker n'aura d'ailleurs de cesse de faire des allers-retours entre la jeunesse des deux jeunes hommes, et la tentative du sergent de ramener à la "raison" son meilleur ami, essayant de lui remémorer leurs plus grands souvenirs. Jeunesse à Philadelphie où l'on découvrira deux types très opposés : le barjot du quartier, asocial et lunaire, ayant pour monomanie de vouloir s'envoler, et l'autre, très à l'aise dans sa vie, à tendance beau-parleur réaliste. C'est d'ailleurs assez amusant, mais peut-être psychologie de comptoir, de constater que leurs parents se "complètent" : Birdy ayant une mère désagréable dominant son sympathique père, et Al le contraire...


Après, je n'ai pas forcément été convaincu par la manière dont naît l'amitié (plus que limite crypto-gay) entre ces deux adolescents que tout oppose. Par ailleurs, on reconnaît très vite la patte d'Alan Parker utilisant efficacement la bande originale de Peter Gabriel, parfois un peu trop présente, mais toujours émouvante. Un autre trait - celui du ralenti - se trouvera lui aussi forcé sur l'une des scènes les plus saisissantes du film : l'envol de notre drôle d'oiseau en combinaison à plumes. Le procédé ne se répètera pas, fort heureusement. Mais les situations poétiques, elles, le seront, bien évidemment. Le rêve d'Icare fera même prendre Birdy pour Léonard de Vinci, se fabriquant des ailes sur mesure qu'il essaiera d'abord dans une décharge...


Mais malgré ses quelques très jolis passages, et d'autres beaucoup plus forts, Birdy n'a pas toujours réussi à me convaincre si je me réfère à ses quelques invraisemblances, comme celle du canari brisant la vitre ; ou encore celle de l'accident de guerre traumatique du héros, qui aurait dû l'envoyer ad patres comme les autres, même si je comprends bien l'énigmatique métaphore. Le trauma du secrétaire de l'asile ne m'a pas emballé non plus...
Enfin, l'ascenseur émotionnel de la dernière scène, si je l'aurais certainement préférée plus jusqu'au-boutiste, m'a carrément surpris et bluffé au vu des élans de réincarnation de l'ami Birdy... Mais en même temps, volatiles et farces font souvent bon ménage ! ^^


Un film tout à fait nécessaire et agréable au-delà de ces quelques défauts.


7,5/10

RimbaudWarrior
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films d'Alan Parker

Créée

le 17 avr. 2016

Critique lue 1.4K fois

2 j'aime

RimbaudWarrior

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

2

D'autres avis sur Birdy

Birdy
nate6691
8

Fait comme l'oiseau...

J'ai vu BIRDY à sa sortie et il m'a obsédé si longtemps que je l'ai revu plusieurs fois pendant son exploitation ciné. A 18 ans on est impressionnable, non? Aujourd'hui un peu moins mais il y a...

le 22 janv. 2015

13 j'aime

1

Birdy
Alainna
8

Pas assez connu!

Birdy c'est un peu le film qui m'a fait renouer avec le cinéma. C'est ce genre de films incroyablement fort en émotions, tellement beau avec un jeu d'acteurs tellement excellent qu'on ne l'oublie...

le 23 sept. 2010

11 j'aime

Birdy
Boubakar
7

Fais comme l'oiseau

Al et Birdy sont deux amis inséparables malgré leurs différences, le premier étant plus une tête brûlée, et le deuxième un doux rêveur, qui a une passion pour les oiseaux. La guerre du Vietnam va les...

le 29 oct. 2023

5 j'aime

1

Du même critique

Le Juge et l'Assassin
RimbaudWarrior
8

Prières et le loup

Plutôt que de nous obliger à nous taper une énième rediffusion du Gendarme-et-de-je-sais-pas-qui sur M6 pour rendre hommage à Michel Galabru, Arte a eu le bon goût de rediffuser le grand drame qui le...

le 7 janv. 2016

54 j'aime

12

Buffet froid
RimbaudWarrior
9

Le poltron, le fruste et le fainéant

Bertrand Blier aurait, paraît-il, assez rapidement écrit le scénario de Buffet Froid en partant de l'un de ses rêves récurrents qu'il prête ici à son personnage principal qu'incarne Gérard...

le 14 juil. 2016

41 j'aime

14

Martyrs
RimbaudWarrior
9

Laissons Lucie faire

J'avais complètement zappé la polémique quant à son interdiction aux moins de 18 ans à sa sortie, alors quand je me suis installé devant une diffusion de Martyrs sur Canal, je ne vous explique pas la...

le 13 mars 2016

39 j'aime

7