On le saura, à force, j'ai pour habitude de foncer tête baissée sur tout ce qui se compte d'oeuvres un peu tordues, un peu barrées, le genre qui vous promettent de faire des noeuds avec vos synapses et de vous retourner le cerveau tous les deux ou trois twists.
Il suffit qu'elles ne sortent pas au cinéma et qu'elles fassent deux ou trois festoches indé pour se retrouver sur ma to buy list, puis sur ma to watch list parce que bon, voilà, j'ai lâché de la thune, je ne peux plus reculer, il faut rentabiliser.
Je suis donc, d'une certaine manière, devenu un peu blasé, en matière de mindfuck. Il en faut désormais beaucoup pour me la faire mais ma foi, de temps en temps, je tombe sur un truc improbable qui me la joue à l'envers, pour le meilleur et pour le pire.
Black Hollow Cage tombe pile entre les deux. Les premières minutes déroulent un beau tapis rouge d'idées qui se carambolent : une fille qui contrôle un bras mécanique par la pensée, une maison high-tech perdue au milieu des bois, un chien qui parle (que cette même fille appelle "maman"), un gros cube noir qui apparaît dans les sous-bois et délivre un message écrit de la main-même de la fille en question : "ne leur fait pas confiance". Houlà, même pour moi, c'est de la bonne, je me frotte les mains par anticipation.
Impossible de prédire le cours des évènements, les séquences incompréhensibles se succèdent à un rythme Kubrickéen, j'ai un foutu sourire aux lèvres. Ok, certaines scènes sont trop longues, trop surjouées dans l'émotion façon Francis Huster ("pour faire artiste"), ça ne bouge pas beaucoup mais la tension est là, le mystère aussi - l'humain, pareillement. Car au-delà du thriller Sf-horrifique, il y a une allégorie du ressentiment, du deuil, de la colère, de la reconstruction, et il apparaît vite que c'est le coeur du film et que finalement, le reste n'a pas d'importance.
Ceci compris, on voit arriver la révélation finale grosse comme la maison du film, et ladite révélation finale ne se fait pas attendre, sans surprise ni jubilation. On passe les trois quarts du métrage perdus, dans le brouillard, mais c'est quand on devrait l'être le plus qu'on en mange le moins. Le soufflé retombe. Tout ça pour ça. Tudieu, que c'est classique, en fin de compte. Le grand mindfuck transcendantal, ce ne sera pas encore pour cette fois.
Reste un film lent, léché, glacial, visuellement très abouti, avec un vrai fond comme on n'en fait plus dans les salles obscures, mais sans révolutionner non plus l'histoire du cinéma de genre.
Un bel essai qui tombe un peu à plat, mais un bel essai malgré tout, qui pourra plaire aux amateurs de ciné exigeants (et fera hurler les adeptes de l'entertainment).