Tout d'abord, je n'ai pas vu beaucoup d'épisodes de Black Mirror. Les ambiances un peu sombres, dénuées d'optimisme ne sont pas mes tasses de thé. J'ai décidé de plonger dans cet épisode avec un ami, on ne savait pas vraiment à quoi s'attendre.
Les critiques sont assez dures envers un format assez ambitieux, mais je suis forcé de reconnaître que tout n'est pas incroyable :
- On arrive très vite aux limites du côté interactif. Entre les choix qui vous font perdre en vous proposant de rejouer la séquence, les choix inutiles qui s'apparentent à une sorte de didactitiel, et une fin plus ou moins identique (même si certaines fins arrivent à se démarquer), on comprend assez vite qu'on n'est pas vraiment acteur de cette histoire, on essaie juste plusieurs scénari ;
- On a certaines pertes de rythme par moment, certains choix viennent essayer, en vain, de remettre le téléspectateur dedans (surtout dans la première partie) ;
- Je n'ai pas non plus aimer la façon de clore chaque séquence sur la notation à la télé du jeu-vidéo que Stefan fait grâce à vos choix. Trop facile selon moi, même si ça permet d'évaluer si nos choix étaient les bons ou pas.
Mais sinon, j'ai pas vraiment à rajouter, pas mal de choses sont à garder malgré le fait que tout ne soit pas super bien amené.
Tout d'abord, revenons aux choix qui sont inutiles, comme ce que tu veux manger au petit-déjeuner, quelle musique tu veux écouter etc... En dehors d'échauffer le viewer, ces choix inutiles permettent:
- De donner cette impression de contrôle sur le personnage, ce qui est assez efficace au début ;
- J'ai l’impression que ça va même plus loin. Le fait que ces choix soient inutiles nous montrent que nous n'avons pas non plus le contrôle sur ce qui arrive, pas plus que Stefan (le protagoniste). Cela fait parfaitement écho au ressentiment qu'exprime Stefan justement, de n'avoir aucun contrôle, et même d'être dirigé... Une autre review que j'ai pu lire parlait de démocratie moderne, je trouve que ça illustre parfaitement l'ambiance et rentre parfaitement dans les thèmes abordés par Black Mirror.
Ensuite, les "Game Over" qui nous propose de revenir au début. Cela a indéniablement un impact négatif qui est de casser le rythme, de nous montrer les limites de l'interactivité de l'épisode. MAIS cela est rattrapé par le fait qu'au retour en arrière, on retrace toute l'histoire (en accéléré) du personnage jusqu'au choix en question ; ce flashback censé refaire notre histoire est légèrement modifiée, ce qui a certain moment est savoureux :
Quand Colin se tue sous LSD, il vous dit "Fair enough, see you around". Quand nous retraçons l'histoire, le début est identique jusqu'au moment où Stefan et Colin se croise pour la "première fois" et qu'il vous dit "I told you we would meet again"
DONC OUI, l'interactivité de l'épisode a ces limites car au final, nous contrôlons les choix de Stefan que Stefan lui-même ! C'est Netflix qui nous oriente, nous oblige à suivre tel ou tel chemin. Et je pense que ça va même encore plus loin, car une des fins parvient à fragiliser cette idée.
Quand on apprend que c'est la fille de Colin qui a fait cet épisode, on nous propose alors un choix, ce qui montre que cette personne non plus n'a pas le contrôle...
Sinon, en dehors du scénario, les acteurs sont très bon. Le Eyebrow-kid a bien grandi et nous livre une superbe prestation, totalement convaincante et délirante. Les autres personnages sont aussi convaincants et donnent corps à l’œuvre.
La bande-son est géniale, elle convient parfaitement à l'ambiance. J'ai retenu trois passages, avec trois musiques qui m'ont totalement transportées (sans spoil) :
- Quand Stefan est enfant : https://www.youtube.com/watch?v=Vkfpi2H8tOE&list=LLyzgqW2hXM5kBO_-30uoV0w&index=4
- Quand Stefan rejoint Colin chez lui : https://www.youtube.com/watch?v=Dk3uF2Zmr-g&list=LLyzgqW2hXM5kBO_-30uoV0w&index=5
- Quand Stefan est chez lui et qu'il regarde un reportage sur Jerome F Davies : https://www.youtube.com/watch?v=j3X-VqqMdUw&list=LLyzgqW2hXM5kBO_-30uoV0w&index=7
Le sujet traité aussi me parle. La création d'un jeu-vidéo par un introverti, dans une période des 80's qui commence à être empreinte au scepticisme dans lequel nous, enfants du 21ème siècle, baignons. Le thème du jeu-vidéo que Stefan veut faire, entre en résonance avec le concept même du produit Netflix.
Enfin, je trouve qu'en règle générale les critiques sont assez dures. Peut-être la double lecture ne les aura pas convaincu, et que ce manque d’interactivité aura été fatal. Moi, je conseille.