La planète des Survendus : Suprématie

Ma critique sera double. Je parlerai du film et de tout ce qui a été dit autour du film.

En soi, ce film est loin d'être mauvais. C'est certes un énième Marvel mais on échappe aux défauts majeurs propres à cette série de films. On échappe à un esthétisme douteux pour un style africain assez classe et bien travaillé, on met de côté de l'humour vaseux et malgré la peur que j'ai ressenti en regardant les bandes-annonces, on évite un trop plein d'effets spéciaux immondes. On est loin des bouillis numériques de GdlG ou de Thor, etc.

Le scénario est loin d'être original mais on ne s’ennuie pas. La durée du film ne se fait absolument pas ressentir malgré les redites. On est loin d'un script travaillé ou qui tire des nœuds au cerveau; pour autant, le rythme et la bande-sonore assurent au film une certaine fluidité qui rendrait jaloux ces prédécesseurs. R.Coogler nous livre içi, après l'excellent Creed, un film dynamique. Sans aucune ambition ni coup d'éclat mais une toile où le casting s'en sort admirablement bien. On frise même le talent dans certaines scènes. Michael B.Jordan est clairement au-dessus de la mêlée : son jeu est simple, convaincant et prenant. Face-à-lui, le Chadwick "Panther" Boseman est fidèle à sa première apparition dans le MCU, sobre, impériale et tout à fait crédible. Ces deux personnages ne sont en plus qu'une partie du reste de cette pépinière de talent qu'on retrouve tout au long du film : l'élégante A.Bassett ou la superbe L. Nyong'o. Même F.Whitaker devient supportable dans ce film et pourtant, ce n'était pas assuré.

Il faut le dire : c'est clairement un bon film. Légèrement déconnecté du reste du MCU et de la quête des pierres de l'Infini, ce film se laisse le temps d'installer son propre univers, ses personnages et son histoire. La culture du Wakanda est bien mise en avant et on se laisse facilement transporter. Marvel ne reprend ses droits qu'à la conclusion de l'histoire avec une fin finalement trop expédiée et facile après avoir monté les enjeux. C'est vraiment là où le bât blesse. Pour le reste, c'est globalement bon.

Passons maintenant, à la pièce de résistance : ce que les gens/critiques ont dit de ce film. Là, on a viré dans le grand n'importe quoi. Alors en une semaine, ce film est passé de blockbuster Marvélien en symbole pour la cause des noirs en passant par la revanche de l'opprimé. Remettons les pendules à l'heure : non, l'Afrique dans son ensemble ne ressemblerait pas au Wakanda si l'homme blanc ne l'avait pas colonisé. Et non, ce film n'est pas un bon film parce que le casting est majoritairement afro-américain : si c'est un bon film, c'est parce qu'il existe un ensemble entre le réal, les acteurs et le rythme qui font de ce film, un bon film. Certains critiques nous ont expliqué que c'était un grand film parce que les noirs étaient (enfin) mis en valeur et rien que pour ça, ce film est supposé marquer les esprits, tout ça avec le plus grand sérieux du monde.

On pourrait aussi montrer que l'hystérie autour de ce film est non seulement déplacée mais tout aussi exagérée, allant même jusqu'à réserver une séance réservée aux personnes de couleurs. Tout ça pour un film qui pour une fois, dépasse le quota d'acteurs noirs dans un film hollywoodien. Ce communautarisme, pas vraiment républicain, soit disant passant, est vraiment hors-sol si Black Panther devient le symbole 2018 de la cause des noirs.

L’œil averti aura fait le lien entre le titre de ma critique et de l'hystérie générale qui a gravité autour de ce film (devrais-je dire symbole de lutte ?). Pour parfaitement bien exprimer mon point de vue, nous êtres intelligents, nous savons bien que le racisme, c'est de la merde, mais le communautarisme, c'est bien la pire des réponses à donner, hummmm m'voyez !