En 1982, c'est The Thing, E.T, Conan, Creepshow, Rambo, Tron, Poltergeist, Dark crystal... En france, c'est Le père noël est une ordure, Le grand pardon, Les Sous-doués en vacances, Le Gendarme et les Gendarmettes, l'as des as, La boum 2, Le Retour de Martin Guerre...


Voilà le contexte.


La revue l'écran fantastique avait fait quelques mois avant la sortie, un numéro spécial subodorant les promesses de ce film hors du commun dans l'univers de la SF de l'époque. Visuellement, j'étais totalement séduit par les magnifiques artwork de Syd Mead qui illustraient les différentes rubriques... ça promettait du très lourd ! Le film serait interdit aux moins de 13 ans, ça tombe bien, j'allais les avoir très prochainement !


Parmi les premiers dans la file d'attente peu de temps après sa sortie, Je m'étonne du peu de monde présent. Pas grave. Il fait très froid, les portes s'ouvrent, je m'installe enfin dans mon fauteuil au chaud.


Fond noir, les noms défilent, la musique de Vangelis aérienne, échos d'explosions lointaines....


Texte qui explique ce qu'est un répliquant...


Survol de Los Angeles en 2019, explosions et architectures titanesques.


Locaux de la Tyrell Corp, test de Voight-Kampff, meurtre...


Spinner qui zigzague entre les immeubles parsemés de pubs sur écran géants, Deckard bouffe ses nouilles et s'envole pour rejoindre les objectifs de sa mission...


C'est poisseux, pollué, humide et suintant mais magnifique, je retiens mon souffle, à moins qu'il soit coupé par tant de beauté...


2 heures plus tard, je suis abasourdi, sonné. Je viens de voir un des films les plus étranges et des plus envoûtants de ma courte existence. Je l'aurais volontiers vu une deuxième fois dans la foulée, rester dans la salle et recommencer ce voyage. Encore...


Mais ce film est un paradoxe...


Les visuels d'une beauté comme jamais je n'en avais vu jusque là, parsèment une histoire d'une excessive lenteur. Et pourtant...


Le sujet du film, est simpliste. D'emblée sont désignés les gentils humains et les méchants réplicants. La confrontation qui s'annonce semble cousue de fil blanc. Et pourtant...


Les réplicants sont programmés pour mourir après quelques années de labeurs trop dangereux pour les hommes, ils ont des souvenirs "implantés" à leur fabrication et dénués d'empathie, et théoriquement inaptes à acquérir ces sentiments trop humain. Et pourtant...


L'homme poursuit sa chasse sans merci contre des androïdes hors-la-loi, sans pitié.


Mais quand la réplicante Prys meurt, le réplicant Roy pleure


. Pas si simple au bout du compte...


Pas d'explosion, pas de course poursuite, pas de cascade. Rien. Uniquement l'ambiance, mais quelle ambiance ! Les effets spéciaux sont les derniers du genre, à base de maquettes gigantesques. Suivra bientôt l'avènement des effets spéciaux numériques qui masqueront l'indigence des scénarii sans imagination.


Harrison Ford à contre emploi vaut le détour, mais avec le registre qu'a ce type, il pourrait jouer une chaise qu'on y croirait !


Sean Young est magnifique, Daryl Hannah inquiétante en machine de combat... mais la réelle révélation du film est sans conteste Rutger Hauer en chef charismatique des réplicants ( je vous conseille Hitcher sorti en 1986 où il incarne un psychopathe, il y est excellentissime !). Il improvisera (vraiment) un des plus beaux monologues du cinéma qui conclue le film, j'étais bouleversé par sa prestation qui me donne encore des frissons à chaque visionnage.


Alors oui, j'avais 13 ans, c'était toute une époque. Plus indulgent ? Plus réceptif ? Plus ouvert ? Plus émerveillé ?


Blade Runner est un film complexe à la beauté singulière, à ce jour inégalé.


Peut-être devrais-je dire était...

GlobuleMou
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le 17 févr. 2021

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