Il y a de ça bien des années, j'avais vu la version ciné de Blade Runner. J'avais pas aimé. Sombre, lent, peu lisible et doté d'une fin toute naze, j'avais trouvé le métrage presque aussi surestimé qu'un film de Malick. Ayant lu il y a quelques mois le livre de Dick, je me suis lancé le film à nouveau, mais cette fois en 1080p Director's cut.
A quel point le temps, une bien meilleure qualité d'image, une meilleure fin et la lecture du livre ont-ils changés ma perception du film? ( avec spoilers, pour les 3 pelés qui l'ont jamais vu ).


Le Blade Runner, c'est un genre de superflic chargé d'éliminer des androïdes ultra-perfectionnés, appelés réplicants. Ces robots biologiques de pointe sont devenus si semblables à l'homme que seul le test du Blade Runner est capable de les différencier de l'humain. Ils pensent, ils mangent, ils vivent. Mais pas longtemps, environ 4 ans. Cette similitude avec l'humain et leurs prodigieuses capacités les rendent dangereux. Aussi, sont-ils exilés dans les colonies extraterrestre et interdis de séjour sur la planète bleue.
Harrison Ford campe un Blade Runner d'élite sur le retours rappelé au charbon afin d'éliminer un groupe de Replicants particulièrement dangereux ayant détourné un vaisseau et tué l'équipage, pour revenir sur terre.


Je vais pas détailler l'histoire, complexe, ni les innombrables thèmes soulevés par ce film. Bien d'autres l'ont fait nettement mieux que moi. Alors que dire ?
Pour commencer, j'ai pris une claque visuelle. C'est pas juste un film qui a incroyablement bien vieilli, non. C'est un film qui impressionne encore aujourd'hui, 30 ans plus tard. Que ce soit les effets spéciaux à base de maquettes ( sans doute les meilleurs jamais vu, sans déconner, ça écrase bon nombre de CGI actuelles ) le travail hallucinant sur les lumières, cette cité tentaculaire, sombre, humide, éclairée aux néons, ces pâle rais de soleil filtrants à travers les stores vénitiens, tout l'aspect photographique est juste barge.
Il se dégage de ce Los-Angeles glauque et détrempé une atmosphère unique, à la fois étouffante et doté d'une sombre majesté, grâce à de géniales trouvailles ( le fait de situer l'action dans un genre d'immense Chinatown, le côté cyberpunk... ). Je réalise aujourd'hui à quel point le travail formel de ce film a imprégné le cinéma et plus largement, l'imaginaire collectif.


Après avoir lu le livre, ressassant les souvenirs flous de mon premier visionnage, je m'interrogeais sur la pertinence du choix d'Harrison Ford dans le rôle principal. Et à raison. En effet, si le film reprend en gros la trame principale du bouquin, il s'en éloigne par bien des aspects. Mais remarque, c'est compréhensible. Si les histoires de Dick sont très " cinématographiques " et donc interprétables sur grand écran, une adaptation stricte me semble exclue tant il se dégage une force obscure, profondément dérangeante et hallucinée de ses romans.
Du coup, dans son rôle de flic désabusé et au bout du rouleau, Ford est impeccable. C'est pourtant un acteur que j'estime peu, mais ici rien à dire, c'est une de ses meilleures performances.
Le reste du casting fait également un excellent boulot, Reutger Hauer en tête. Sa performance nuancée sonne très juste, il semble totalement habiter son personnage et j'ai trouvé ( comme beaucoup ) sa tirade finale bouleversante alors que je l'avais complètement zappée au premier visionnage.


Blade Runner est un grand film, qui complète admirablement le bouquin de Dick. Scott propose une réalisation ambitieuse, virtuose, au service d'un propos subtile. Une oeuvre dense, lente, moins immédiate que les apparences le laissent croire ( ce qui explique que je l'avais pas aimé gamin ) mais qui mérite franchement d'être vue, revue, dans les meilleures conditions possibles.


Bravo.

OIdboy
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le 2 sept. 2016

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