Blade Runner 2049, c'est (comme trop souvent dernièrement) un gâchis de potentiel malgré la présence d'ingrédients pouvant donner quelque chose d'unique. Denis Villeneuve a au moins réussi du côté de la mise en scène. Esthète maintenant reconnu et que j'apprécie sans adorer, le Canadien fait sien un monde imaginé par Dick et parfaitement mis à l'image par Ridley Scott il y a 35 ans, en le renouvelant et en utilisant le potentiel dramatique à fond. En effet, un monde post-apocalyptique comme celui-ci ne demande qu'à être exploré et mis en scène de manière majestueuse, comme il le fait si bien, afin qu'on puisse déguster les plans d'ensemble parfaitement photographiés. Les images fortes sont donc marquantes, avec notamment la zone nucléaire orangée que traverse Jack avant d'entrer dans le casino abandonné où vit reclus Deckard. Accompagnés d'une musique bien trouvée car utilisant les thèmes du premier opus en les renouvelant plutôt honnêtement, ces multiples plans finement concoctés par le nouveau réalisateur le plus hype d'Hollywood sont tout à faits à mon goût, et c'est la raison pour laquelle ce film est un demi-échec.


Par contre, le reste laisse fortement à désirer. Le scénario est ce qu'il y a de plus décevant à mes yeux, car on sent l'histoire créée de toutes pièces seulement pour satisfaire aux envies dévorantes des studios utilisant les sequels, prequels et autres cross-overs jusqu'à ne plus pouvoir les compter. Alors que Blade Runner adaptait l'oeuvre de Dick avec succès car elle s'attardait sur Deckard et quelques autres personnages de manière assez subtile pour être convaincante, sa suite se troue en dépeignant des personnages stéréotypés, tous aussi plats les uns que les autres. Le personnage de Ryan Gosling est comme toujours avec lui un taiseux qui peut tout défoncer quand l'envie lui prend, mais qui évidemment doit faire face à un grand mystère. Je n'ai jamais aimé Gosling à cause de sa palette réduite, et ce film ne m'a pas fait changer d'avis. Robin Wright joue quant à elle la flic vénère et 'righteous' et manque cruellement de personnalité. Le pire reste sans doute Joi, jouée par une actrice très mauvaise et qui gâche la meilleure idée scénaristique du film : un androïde qui tombe amoureux d'un logiciel personnifié par une belle femme qui peut se retrouver dans le salon de toute personne le désirant, contre quelques écus... Dommage! Car il y avait là quelque chose de bien plus passionnant qu'un androïde qui désire être humain seulement parce qu'il... n'est pas humain, ah oui, bien sûr! La quête de Jack manque d'originalité, faisant des androïdes de simples sous-hommes qui désirent tous être humains, sans que l'on questionne ce désir. Cette idée si peu originale est une insulte aux androïdes complexes de Isaac Asimov, père de la robotique qui a réussi à créer des personnages extrêmement intéressants qui ne cherchaient pas à devenir des humains, parce qu'il faut le dire, les humains sont quand même assez cons pour la plupart!


Quant au grand méchant Leto, son personnage est une énième preuve que Hollywood n'a toujours pas compris que les ennemis qui ne sont méchants seulement parce qu'ils... sont méchants, bah ça marche pas! Son attitude manichéenne nous empêche totalement de nous identifier à lui, ou au moins de le comprendre. Bref, elle est loin la période où Leto était un acteur avec du potentiel (cf. Panic Room, par exemple).


Bref, un bilan mitigé donc, entre une mise en scène très bien trouvée qui nous permet de découvrir un peu plus ce monde dystopique, et une trame peu surprenante qui n'a aucune ambition, mais n'est qu'une médiocre resucée d'autres scénarios. Il ne nous reste plus qu'à revoir Blade Runner, qui reste toujours aussi impressionnant.

Elvisant
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le 8 déc. 2017

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小汤 Elvisant

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