Critique : Blanche-Neige et le chasseur (par Cineshow)

Charlize Theron et Kristen Stewart occupent décidément beaucoup l'actualité cinéma du moment. Prometheus, Sur la Route et maintenant Blanche Neige et le chasseur, les deux femmes se payent les plus grosses sorties des dernières semaines ce qui, évidemment, n'est pas forcément synonyme de qualité. Ceci étant, à Cineshow.fr nous attendions franchement cette vision de Blanche Neige après le presque nanar sorti en début d'année avec Lilly Collins et Julia Roberts. Les trailers particulièrement alléchants car très visuels avaient suscité une attention particulière et pouvait laisser présager d'une bonne surprise. Mais la méfiance était malgré tout de rigueur puisqu'il ne fallait pas perdre de vue qu'il s'agissait d'un premier film par un réalisateur directement arrivé de la publicité à grand spectacle. Alors bon film, arnaque ? Ni l'un ni l'autre mais un produit calibré, sans prise de risque et subissant trop régulièrement le manque d'expérience de son « patron » pour que l'on s'enthousiasme vraiment.

Blanche Neige et le chasseur est donc la mise en images du célèbre conte des frères Grimm à la sauce plus ou moins réaliste sur le plan visuel même si l'univers demeure fantaisiste. La noirceur évidente de la photographie permet au film de ce différencier très clairement de la version de Tarsem sous extasie ce qui, en soit, peut être considéré plutôt comme un compliment. Mais la beauté visuelle évidente tant au niveau des décors que des costumes ne trouve jamais d'écrin scénaristique suffisant pour que le contenu soit homogène dans le fond et la forme. Un handicap discernable dès les premières secondes qui ne sera malheureusement jamais vraiment rétabli faisant du long-métrage de Rupert Sanders un produit franchement bancal même si lors de quelques scènes, il brille par une imagination graphique particulièrement savoureuse.

Le passé du réalisateur n'est jamais très loin et il faudra lui reconnaitre un savoir-faire indéniable dans la composition de séquences impressionnantes visuellement, largement inspirées par le personnage de la Reine Ravenna interprété par Charlize Theron. Son coté maléfique a visiblement transcendé le réalisateur qui n'arrive pas vraiment à cacher sa fascination tant le personnage se révèle être le plus intéressant et le plus mis en valeur tout au long de la réalisation. Ainsi, l'actrice originaire d'Afrique du Sud vampirise chaque séquence en cabotinant et hurlant à outrance mais en apportant une profondeur au personnage que l'on ne soupçonnait pas. Ne se voyant visiblement jamais imposer de limite, Charlize Theron occupe l'espace avec une classe folle mais contribue involontairement à rendre le film fort banal voire ennuyeux dès lors qu'on la perd 5 minutes de vue.

Car même si Kristen Stewart est aujourd'hui une actrice confirmée, il n'en reste pas moins que mal dirigée, elle se révèle incapable de faire le travail seule. Mono-expressive de bout en bout, ne générant aucune émotion, elle se révèle être le personnage le plus fade de l'histoire (un comble) face à une méchante hors norme et un chasseur lui aussi en roue libre mais souvent juste (Chris Hemsworth). Fort heureusement, le film compte nombre de personnages et notamment les nains dont le casting de second couteux est une franche réussite. Tout ce petit monde cherche à évoluer ensemble mais en raison d'une mise en scène douteuse et d'un sens du rythme maladroit, on se contentera de suivre l'histoire d'un œil extérieur sans véritablement y entrer. Et ce manque d'implication se révèle rapidement fatal sur une durée de 2h10 provoquant bâillements et ennui en milieu de récit. Un ventre mou dur à passer qui aurait été dévastateur si la dernière partie n'avait pas été un peu plus inspirée. Les incohérences trop nombreuses, l'impossibilité de s'attacher aux personnages et un rythme en demi-teinte étant autant de boulets dont Blanche-Neige et le chasseur n'arrive jamais vraiment à surpasser.

Pourtant, malgré le tableau noir sur le fond (et ça, c'était involontaire) tout n'est pas entièrement à jeter. Car à de rares occasions, le film est inspiré, vraiment. Suffisamment en tout cas pour ne pas qu'on tourne le dos avec mépris. Et il faut reconnaitre que ça ne tient qu'à deux choses : la Reine et le passé de publicitaire du réalisateur. A vrai dire, le sentiment que l'on ressent à l'issu de la projection est assez proche de celui que l'on a pu percevoir après Tron l'héritage. Passé le côté « wahou, c'est beau » vient le « bof, c'est creux » et celui-là fait évidemment plus mal. Mais la volonté de bien faire est là et on ne pourra pas le renier : la modernisation du récit, les tentatives de proposer des nouvelles choses etc... Blanche-Neige se situe entre un Alice aux Pays des merveilles (la dernière partie du film) et un Narnia, le tout en version plus sombre et réaliste. Le potentiel était là mais le manque d'assurance du réalisateur inhibe instantanément toute possibilité épique. Et il faut dire que dans le style, quelques références sont déjà venues mettre la barre très haute. Ainsi lorsque Blanche Neige mène une bataille à cheval ambiance Seigneur des Anneaux on ne peut s'empêche de rire doucement ...

Blockbuster gâté, Blanche-Neige et le chasseur se place dans la moyenne juste correcte des films du genre. Truffé de défauts et d'erreurs, il se révèle malgré tout intéressant sur d'autres points (la photographie, la musique, la Reine...) compensant -un peu- le sentiment négatif dont l'on pourrait souffrir même s'il faut reconnaitre que 2h10 n'étaient pas nécessaires pour nous raconter tout cela. Très prometteur en mode extraits et bande-annonce, le film dans la durée n'est pas la réussite espérée et si on peut le ranger en tant que produit moyen, vis-à-vis de ce que l'on était en droit de demander, on ne peut qu'être un peu déçu.
mcrucq
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le 8 juin 2012

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Mathieu  CRUCQ

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