Teen movie du point de vue féminin

Blonde Movie est un des rares films américains qui n’a pas sa page Wikipedia. Des films plus mineurs, cachés dans des décennies lointaines ont souvent la leur. Mais ici, c’est comme si personne n’avait décidé que le film en valait la peine. Le film de Leah Sturgis et Elaine Fogg s'est pourtant présenté comme une volonté de diversifier le "chick flick movie", des films généralement sentimentaux pour jeunes femmes. L'adaptation française le présente comme une comédie pour adolescents excités, "Attention ! Elle mouille !". Le film se situerait en fait entre ces deux eaux, mais pour un résultat guère satisfaisant.

Alex et Lindsay sont deux jeunes femmes telles qu’on peut en voir souvent dans les mauvais films américains, des bimbos blondes aux corps de rêves. Mais elles ont aussi un coeur. Elles ont marre de tomber sur des tocards, et décident de prendre leur destinée amoureuse en main.

Cameron Richardson se démarque du duo, face à Sophie Monk d’une vulgarité collargènique assez repoussante. Cameron joue la jeune femme actrice, ingénue. Son petit regard de biche fait des merveilles. Elle aurait très bien pu jouer dans 2 Broke girls dans le rôle de Caroline, mais Beth Berrs est déjà présente. C’est fou d’ailleurs de voir à quel point elles se ressemblent. De manière générale, pas grand monde ne sait de quoi parle le film , alors les acteurs en font peu ou trop, et c’est bien dommage avec des gens sympathiques comme Lochlyn Munro ou Chris Kattan qui sont présents.

Il y a un étrange flottement dans le film de Leah Farris. Une volonté de reprendre le cliché de la femme bimbo et de le tordre. Il y a un petit côté féministe, qui aura pu déplaire. La réalisatrice et la scénariste sont des femmes, et cela se ressent à travers de nombreuses scènes. Des figures masculines qu’on voit trop peu dans les comédies pour adolescents sont utilisées, comme l’égocentrique amoureux de son reflet y compris pendant l’acte, l’homme qui s’y prend comme un acteur porno, l’autre qui est trop insistant, etc.. L’angle est décalé du côté féminin, et cela fait du bien.

Mais cette liberté que les deux jeunes femmes vont chercher dans leurs quêtes amoureuses est mal utilisée, à des fins qui se veulent humoristiques mais qui se révèlent lourdes. Leur plan de drague, c’est d’assommer les garçons qui leur plaisent, pour mieux les attraper au réveil. Et puisque le sexe masculin est faible, il s’exécute. Mais attention, il a parfois des sentiments, mais tant pis. Et quand l’un arrive à accrocher le cœur de l’une, la vie de couple la transforme en mégère. Et tout ça pour se terminer sur un complexe du bon papa.

Blonde Movie est trop souvent à se cogner la tête contre les murs. Passées les petites piques contre les plus mauvais représentants masculins, le film n'a plus rien pour lui. Les réactions des personnages sont au choix clichés ou contradictoires, et l’un n’empêche pas l’autre. Le film manque d’ailleurs de logique, puisque quelques scènes n’ont pas de sens. Le film fait penser à une idée de série télévisée, « la vraie vie de deux blondes », concentrée dans un film qu'on sent un peu trop précipité.

Le film partait probablement d’une bonne intention, de bousculerr l’approche du chick flick movie trop souvent mièvre et du teen-movie bête et potache en passant du côté bimbo de la farce. Il y a quelques bonnes idées, et un paquet d’autres à jeter à la poubelle. Blonde Movie se moque de la logique, de ses personnages, et, au final, peut-être de son spectateur tant le résultat est très mauvais.