1999 en Sierra Leone. Deux destins sans aucuns liens entre eux s'entremêlent sous les tirs croisés de la guerre civile : un ex-mercenaire devenu contrebandier de diamants à la poursuite d'un joyau fabuleux, et un simple pêcheur de Mende dont la famille lui a été ravie par les forces rebelles qui sèment une guérilla sanglante. Des prisons jusqu'aux camps de réfugiés, à travers des rues transformées en champs de bataille par les enfants-soldats, rien dans ce voyage ne les laissera entiers...

Ce film débute sur une fausse assertion : quand un officiel du G8 présente l'Afrique comme un continent depuis toujours exploité par l'occident ; c'est oublier un peu vite qu'il y eut un temps où l'Afrique abritait des dynasties et des empires qui faisaient trembler les couronnes d'Europe. Puis celles-ci passèrent à la Révolution Industrielle qui leur permit de développer la supériorité technologique nécessaire pour mettre au pas le reste du monde, et le destin de l'Afrique fut scellé. Au moins pour un temps, et c'est bien durant ce temps-là que se situe ce film. Un temps récent en tous cas...

Quiconque a un jour visité l'Afrique vous le dira : ce continent est maudit ; parce qu'il s'avère incapable de gérer ses propres richesses, parce que les anciennes puissances coloniales ne l'ont jamais vraiment quitté, parce que ses immenses ressources représentent des fortunes colossales,... Et pour bien d'autres raisons qui m'ont échappé, même quand j'eus l'occasion de visiter brièvement ce « Premier Monde« : il reste plein des mystères et des passions des tous premiers temps, ceux où prirent racine les diverses et nombreuses branches de l'Histoire – des rameaux tortueux et sombres sous des canopées épaisses où s'embusquent bien des prédateurs sans aucuns états d'âme...

Comment s'étonner alors qu'un récit tel que celui de Blood Diamond arbore tant de fureur et de sang ? Car, comme le titre l'indique, un diamant de taille considérable sert ici de leitmotiv. Les deux hommes – et une femme, bien sûr – qui se croiseront sous les balles et les obus des factions en pleine guerre civile de Sierra Leone trouveront chacun leurs motivations pour continuer à avancer : si l'un d'eux n'a pas d'autres options pour retrouver ceux qui lui sont chers, le second – le blanc – appartient à ceux qu'on appelle de purs salauds ; du moins jusqu'à ce qu'on en apprenne un peu plus sur lui, et surtout qu'il trouve le temps d'évoluer. La dame évoquée plus haut, elle, reste assez neutre.

Si la composition de Leonardo DiCaprio souffre par moments d'une certaine lourdeur, Djimon Hounsou se montre tout simplement brillant, et Jennifer Connelly adéquate, sans plus – même si c'est encore à travers son personnage que s'expriment les idées les plus intéressantes : à la limite, les deux autres personnages servent surtout d'illustrations, de portraits pour les deux principaux intérêts en présence. Edward Zwick réalise ici une œuvre tout à fait remarquable pour ses qualités cinématographiques et humaines, mais surtout dénonciatrices – et sans jamais perdre de vue que l'art et le journalisme n'ont jamais rien changé par eux-mêmes.

Vertus dénonciatrices car en fin de compte, ce film pointe surtout du doigt la complicité de l'occident dans des conflits locaux qui ne le concernent pas ; complicité qui se concrétise à travers l'achat à très bas prix de grandes quantités de diamants dont l'argent sert à financer les guerres civiles et autres tentatives révolutionnaires, pour ceux qui vendent, et à conserver la main mise sur le marché des diamants, pour les acheteurs. Entre les deux, les civils innocents crèvent sous les balles ou bien se saignent toute une vie pour pouvoir faire à Madame un cadeau qui coûterait bien moins cher – en argent comme en vies humaines – si certains se montraient moins âpres aux gains.

Une histoire en fin de compte éternelle, puisque nous n'avons jamais cessé d'exploiter l'Afrique même après l'avoir laissée tomber, mais qui se montre ici d'une actualité révoltante, rien que par la manière dont nous nous affirmons tous plus ou moins complices de ce système à chaque fois que nous achetons un simple bijou, aussi léger et insignifiant soit-il...

Récompenses :

Prix du meilleur second rôle en 2007 pour Djimon Hounsou aux Sierra Awards et aux NBR Awards.
LeDinoBleu
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le 8 mai 2011

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