John Link est au bout du rouleau.Cet ancien truand,ancien alcoolique et ex taulard vit dans une caravane pourrie dans un coin de désert.Sa femme s'est barrée depuis longtemps et il est sans nouvelles de Lydia,sa fille fugueuse.Et lorsque celle-ci réapparait,c'est pour réclamer son aide car cette junkie a un gang de narcos au cul.Le père et la fille partent alors en cavale.La carrière de Mel Gibson a pris un bien mauvais tour et son destin ressemble un peu à celui de son personnage.Il parait maintenant parvenir plus facilement à monter ses projets en tant que réalisateur qu'à obtenir des rôles.Et quand il tourne,c'est généralement dans des séries B badass comme ce "Blood father".Curieusement,c'est le français Jean-François Richet,cinéaste social des banlieues,qui met en scène cet exercice acrobatique en forme de thriller rédempteur.Car c'est bien sûr la rédemption,thème très américain,qui est le sujet du film.Link,qui ne s'est jamais occupé de Lydia,veut au soir de sa vie se racheter et regagner l'amour et l'estime de sa fille,ce à quoi il réussira,naturellement.Sur la forme,l'oeuvre est assez carnavalesque.Le scénario s'emmanche résolument dans le grand n'importe quoi,et on ne croit pas aux liens qui unissent les personnages tant tout sonne faux.D'autre part,le rythme chute fréquemment au hasard des conversations mélodramatiques entretenues par le héros avec les autres protagonistes.Cependant,ça se regarde avec un certain plaisir car le film fonctionne sur plusieurs plans.La qualité de dialogues très cash et ironiques d'abord,peu usitée dans le cinéma d'action.Ensuite,il y a le sens du plan et le dynamisme de Richet,qui envoie du bois dans des scènes de bastons et de fusillades plutôt musclées et portées par une violence graphique souvent très poussée.Enfin,le réalisateur fait état de sa fibre sociale en décrivant une Amérique des laissés pour compte.Ici,pas de beaux quartiers,pas de riches bourgeois aux états d'âmes fluctuants,pas de romance lénifiante.Ca tape direct dans le dur et on ne croise que des ratés vaincus par le Système,des drogués,des alcoolos,des gangsters latinos,des ouvriers agricoles mexicains,des néo-nazis white trash ou des bikers vermoulus,tous sans foi ni loi et uniquement préoccupés de survie immédiate.Les comédiens sont méchamment mauvais,à l'image d'un Mel Gibson qui,dans un rôle proche de celui qu'il tenait en 2010 dans "Hors de contrôle",se démène sans convaincre,tout comme Erin Moriarty,totalement à côté de ses pompes.