Perçu comme le Woody Allen le plus complet depuis longtemps, voire plus. Film où tous les thèmes, toutes les humeurs, les personnages de prédilection sont présents et équilibrés et paradoxalement autour d'un personnage en équilibre très instable.
Les flash-backs, ni habiles ni malhabiles, s'imposent avec évidence : forme éclatée du film et perdition psychique, recherche d'air physique dans le passé ou dans le mensonge d'un futur qui la remet au point de départ. Ce sont les efforts sur soi, les secousses douloureuses, les désirs d'éclaircie mentale de Jasmine.
Un Woody Allen au-delà des genres, réussissant à trouver les passages entre le vertige d'un "Intérieurs" et la douce compassion d'un "Escrocs mais pas trop", pour ne citer que deux exemples, aussi à l'aise dans la peinture des classes travailleuses et "perdues" que des classes argentées et dorées, aussi juste et au regard aussi ajusté pour les unes que pour les autres, aussi émouvant aussi souvent.
Portrait de femme et de toute une société, cassée en deux et irréconciliable. Allusion aux affaires récentes (Madden et son système de Ponzi). Mise et en scène et direction au diapason du sujet.