Héritage sublimé

Le biopic, c'est toujours une tâche ardue à laquelle se confrontent les réalisateurs; devoir faire le tri dans les événements de la vie d'une personne ne doit pas être chose aisée pour les scénaristes et le réalisateur qui doivent veiller à ne pas rapporter des choses trop futiles pour l'histoire qu'ils veulent raconter. Bohemian Rhapsody fait à mon sens parti de ses films. Ce n'est pas un film exclusivement réservé aux fans. En fait je pense qu'il s'adresse à toute personne appréciant la musique de Queen c'est à dire l'humanité toute entière. C'est également un vrai film de cinéma, pas un biopic bas-de-gamme, qui plaira beaucoup aux cinéphiles.

C'est un biopic sur Freddy Mercury mais presque exclusivement à travers son histoire avec Queen. Ainsi, pour notre plus grand bonheur, pas 30 minutes de perdues sur l'enfance/adolescence de l'icône ni sur ses relations conflictuelles avec son père. Il ne faut pas non plus être surpris quand le film ne rentre pas dans les détails de la sexualité et de la vie en générale du chanteur. Il montre seulement ce qui est nécessaire pour faire un bon biopic et ne rien omettre de trop important, ni plus ni moins.

Bryan Singer se concentre plutôt et principalement sur la musique. On assiste donc à la conception de Bohemian Rhapsody, We will rock you, Love of my life, Another one bites the dust et d'autres encore. Chaque fois c'est la même sensation, chaque fois qu'un de ces morceaux légendaires entame sa phase de création, on fait parti de Queen. Je me suis surpris à fredonner et taper des mains sur le siège quasiment à chaque fois, et je suis certain de n'avoir pas été le seul. La musique du groupe est donc parfaitement utilisé ici. Ça ne tombe pas n'importe quand juste pour le plaisir d'entendre Queen ou pour masquer un moment plus posé mais bien dans le but de servir le propos du film et entraîner le spectateur avec lui aux moments propices.

Pour les amoureux du cinéma, pour les amoureux de la musique, Bohemian Rhapsody est un film qui fait du bien. Tu es transporté lors des concerts, tu es fasciné par ce personnage haut en couleur, tu es en admiration face à la créativité du groupe, tu restes bouche-bée voyant les foules rassemblés. Queen a laissé un héritage que toute l'équipe du film tente de sublimer.

Bohemian Rhapsody ne semble pas avoir trop souffert de sa production assez désastreuse tant le film global du film est soutenu. Beaucoup de moments forts et peu de temps plus calmes malgré un dernier acte plus détendu, ennuyant certains diront, pour préparer le grand final qui laissera parler à la fois le talent de Queen, le talent de metteur en scène de Bryan Singer et le talent d'acteur de Rami Malek. Une énergie folle, s'étant déjà fait ressentir plusieurs fois, se dégage à ce moment précis, au moment où Freddy Mercury a définitivement scellé son nom dans la légende. S'il y avait bien un objectif visé par l'équipe du film c'était de rendre hommage à l'héritage laissé par Queen. Un héritage musical sublimé par son interprète qui s'efface pour se confondre à la légende et par son réalisateur qui sublime le Live Aid à l'aide de sa caméra.

Je ne renie pas tous les défauts qu'un tel pourra lui trouver, je dis simplement que j'ai personnellement été conquis par la direction qu'a pris le film. J'ai été conquis par le fait que le film se concentre principalement sur la musique. Le film rend rêveur et encore plus admiratif du travail de Queen et de Freddy Mercury. Et je pense que c'était l'objectif visé par les membres restant du groupe. Un film non pas lisse de la vie de Freddy Mercury mais un hommage au talent musical de Freddy Mercury, John Deacon, Brian May et Roger Taylor.