"Your life is going to be very difficult."

Les grands hommes sont seuls, c'est une évidence.
Le temps passant, le constat est clair : l'ambition, la passion, se consacrer pleinement à son art, sacrifie les individus habités par leur génie et leur désir de grandeur, les isolant de la plèbe, des médiocres, des gens trop effrayés à l'idée d'emprunter une voie différente.
Freddie Mercury n'a visiblement pas échappé à la règle, le plaçant d'office dans la catégorie des destins brisés et des artistes majeurs de la fin du vingtième.
Soyons francs : le biopic n'échappe, lui, pas non plus à la règle des étapes linéaires suivant le succès grandissant du groupe. Certains râleront devant le côté très scolaire qu'emprunte le récit, pourtant avec une parfaite efficacité, pour qui n'est pas à l'aise avec l'histoire chronologique de Queen. Malgré les erreurs, malgré les maladresses, rien, ô grand dieu rien ne nous fait sortir du film, et certainement pas la prestation éblouissante d'un Freddie Mercury plus vrai que nature, torturé, dopé à son propre talent, versant forcément dans la mégalomanie qui le menacera de chuter de haut. De très haut. Loin de s'attarder sur le côté scandaleux du personnage, sur ses déboires avec la drogue et ses conquêtes sexuelles multiples (sans pour autant les passer totalement au silence), le film préfère se pencher sur l'aspect psychologique d'une carrière dont les origines se situent loin, très loin de la scène londonienne. Le dilemme des origines "honteuses" que l'on souhaite cacher, la relation au père douloureuse, et surtout la quête d'une orientation sexuelle complexe et difficilement assumée, sont parfaitement mis en lumière, avec une certaine pudeur toujours nimbée d'honnêteté.


Est-ce que Bohemian Rhapsody est un bon film ? Oui.
Est-ce que Bohemian Rhapsody rend un hommage digne à Freddie Mercury ? Absolument.
Est-ce qu'on savoure le kiffe absolu des morceaux de Queen dispatchés de façon intelligente avec en point d'orgue le concert du Live Aid ? Définitivement.


Je défie quiconque n'ayant pas été ému au moins une fois à l'écoute de la chanson Bohemian Rhapsody de ne pas pleurer en fin de film. Car pour une fois, le mot "émotion", galvaudé au possible au point de me le faire mépriser, trouve parfaitement sa place pour définir ce divertissement bien fait, propre, au casting impeccable et à l'ambiance réussie.


Show must go on.

SerenJager
9
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le 3 nov. 2018

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Seren_Jager

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