Mes chers Oscars...

Quelle ne fut pas ma surprise en me levant ce matin de voir le nombre de récompenses que ce petit téléfilm sans aucune prétention à pu recevoir. C'est très surprenant puisque cette histoire d'un fils d'immigrés du Zanzibar qui devient une star de la musique, inventée de toute pièce, a été manifestement réalisée sans amour, sans envie, sans motivation et par fainéantise.

L'histoire est celle de Freddie Mercury, homonyme du célèbre chanteur du groupe Queen, lui était un artiste polémique qui jouait constamment de sa bisexualité pour choquer, s'amusait de la censure et menait une vie de débauche dans la drogue, le sexe et l'alcool. Rien à voir donc avec l'hétérosexuel déçu qui plait consensuellement en devenant une icône qui nous est donné à voir dans ce film.

Ce personnage est par ailleurs très mal écrit et parait idiot pendant tout une partie du film, lorsqu'il part en Allemagne notamment. Tout est fait pour qu'il ne choque personne, contradictoire lorsque l'on reprend le nom d'une figure de la lutte LGBT morte des suites de sa séropositivité. Il parle donc très peu, nous n'apprenons rien sur ses idées, sa manière de travailler ou d'agir. Les seuls personnages qui prennent toujours les bonnes décisions dans le groupe reprennent par hasard le nom des producteurs du film et membres encore vivant du groupe Queen. Vous avez dit "ego" ?

Si l'histoire est née d'une guerre de caractères entre les scénaristes et le guitariste Brian May (à ne pas confondre avec le compositeur australien, décidément encore une histoire d'homonyme, le mensonge est partout), qu'en est-il de son traitement ? C'est difficile d'en juger puisque comme dans n'importe quel téléfilm qui se respecte, nous ne savons même pas qui a réalisé le film. Officiellement, il s'agit de Bryan Singer, réalisateur d'Usual Suspect ou de X-men. Officieusement, il était à l'époque du tournage très occupé à dissimuler une sombre histoire de pédophilie qui datait de plusieurs années. Il semblerait qu'il n'y ait eu personne derrière la caméra et ça se voit. Tout est filmé sans vie, rien n'est inspiré et chaque plan se ressemble. Le storytelling est répétitif, une scène en studio est suivie d'une scène de concert qui est suivie par une scène de la vie de Freddie. C'est fade et insipide, mais j'imagine que ce sont des qualités appréciables pour un film que l'on verrait aisément diffusé sur NT1 un lundi après-midi pendant que l'on fait la vaisselle.

Oscar du meilleur montage, c'est un film charcuté et pleins de faux raccords. Tout est artificiel, il est d'ailleurs probable que l'histoire n'ait pas été prévue pour être montrée dans cet ordre. C'est vrai que c'est une prouesse de monter un film de manière à ne rien raconter, à ne lui donner aucune ambiance et aucun rythme, mais cette originalité mérite-t-elle vraiment d'être récompensée ?

Rien dans ce long-métrage ne mérite d'être relevé. Mais gageons que l'académie n'est pas si snob qu'on le dit, puisque si elle poursuit dans cette même logique je vous l'annonce : le film le plus récompensé en 2020 sera un joli téléfilm de Noël avec un enfant et un chien. Pourquoi pas, mais avant tout, pourquoi ?