Ce Bohemian Rhapsody n'est en aucun cas un résumé facile de Queen (et surtout de Freddie Mercury parce que c'est le seul qu'on retient), et heureusement, sinon on aurait encore eu un énième documentaire sur le talent de Freddie, des ventes extraordinaires, de la coke et oh non le sida et The Show Must Go On et ouin ouin c'est triste repose en paix Freddie. Les deux réalisateurs attitrés (Bryan Singer et Dexter Fletcher) ont préféré s'attarder sur des épisodes emblématiques du groupe.


Et c'est de cette intention qui fait le gros défaut du film.


Bohemian Rhapsody n'est pas une biographie, mais un enchaînement d'événements fameux pour le collectif (parce que je mets ma mauvaise foi de côté, on traite plus de Queen que de Freddie -à l'exception du passage des "excès"). Et je ne sais si c'est la faute de la production chaotique (le projet a commencé en 2010, Bryan Singer se fait virer pour une absence prolongée, obligeant le directeur photo à improviser la direction avant l'instauration de Bexter Fletcher qui parvient à ne même pas se faire créditer...), mais l'ensemble est ultra décousu. La moindre des choses quand tu traites de plusieurs anecdotes, c'est de pouvoir les relier pour donner un récit qui semble un minimum cohérent. Ici ça n'est absolument pas le cas. On a l'impression que Freddie se fait engager en chantant sur un parking, John Deacon apparaît tout d'un coup, 2 minutes plus tard ils sortent leur premier album, et puis il font une tournée mondiale. À ce moment vient le passage où le groupe enregistre A Night at Opera/Bohemian Rhapsody qui est un peu plus évoqué, mais à peine, on passe plus de temps sur les engueulades dans les bureaux que sur ce qui me semble l'intérêt même (à savoir la musique). Et puis en fait c'est les années 80, les synthés, les "olala je quitte le groupe" et ce loooooooong moment qui ne sert pas à grand chose où on apprend que paul en fait c'est un batar, et que Freddie finalement il veut bien faire Live Aid, et que voilà c'est fini.


(j'ai même pas mentionné toutes ces histoires d'amour, c'est dire à quel point ça a absolument pas retenu mon attention)


C'est un film anecdotique. On passe d'un moment à un autre, mais on ne prend la peine de s'attarder que sur peu de choses, à part des engueulades et du mélodrame ultra envahissant. Et je mets totalement de côté le fait que c'est SIMPLIFIÉ À MORT, comme l'engagement de Freddie (vous irez sur Wikipédia, vous noterez la différence). En plus de ne pas apprendre grand chose sur Queen, au niveau dramaturgique c'est complètement plat. Sans compter le fait des lacunes bien trop présentes, qui fait naître un tas d'incompréhension, comme pour le personnage de Paul Prenter -qu'on peut appeler le gros batar- qui apparaît dans le studio fermier, et dont on ne comprend pas vraiment durant tout le film ce qu'il est censé faire ici (en réalité il est manager).


Mais il faut tout de même que je présente au moins un point positif dans le traitement de cette Histoire. Les producteurs ont été assez malin pour ne pas faire le méga-mélodrame de la mort, en évitant de s'étaler sur tout le passage sida. En effet, le film présente la prestation intégrale reconstituée à Live Aid -un moment absolument jouissif- et se conclut ainsi. Un passage un peu émouvant, mais surtout joyeux. S'ensuit pour le générique Don't Stop Me Now, sûrement le titre le plus entraînant du groupe. À priori, c'est un message d'espoir et de divertissement que l'équipe du film veut faire transmettre...


SAUF QUE SHOW MUST GO ON DÉBARQUE = LE MORCEAU LE PLUS DÉPRESSIF. Sérieusement les gars, vous étiez à ça d'échapper à la caricature....


En résulte un film qui ne présente pas grand chose, assez peu audacieux dans ses traitements et surtout incomplet. Certes les prestations de Rami Malek sont plutôt pas mal (et ce même cette prothèse dentaire qui lui vole souvent la vedette). mais finalement l'intérêt de ce film n'est pas historique (puisqu'on a des ellipses incroyables), ce n'est pas non plus d'avoir une belle histoire (puisqu'on a des ellipses incroyables), mais c'est de nous passer du Queen. Et pas n'importe quel morceau, uniquement les plus gros succès...
En gros, ce truc a l'intérêt d'un best-of.

poulemouillée
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le 5 nov. 2018

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poulemouillée

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