Anyone wants coffee, tea, bladed weapon?

Je n’ai pas vu tant de biopics musicaux que ça, alors que c’est un genre qui a quand même pas mal de film. Mais le projet autour de cette adaptation de la vie de Queen et de Freddie Mercury titillait ma curiosité, d’autant depuis l’annonce de Rami Malek dans le rôle de l’icône. Parce que c’est typiquement le genre de projet qui vise les Oscars et le genre de rôle qui vous bouffe un acteur tellement le personnage est hors norme. Le résultat sera au final plutôt mitigé, même si l’impression globale est plutôt bonne.

En fait, Bohemian Rhapsody fait partie de ces films qui ne sont pas forcément extraordinaires mais qui restent un spectacle en soit qui nous marque. N’étant pas un grand spécialiste de Queen, je ne sais pas ce qui est romancé et ce qui est réaliste dans l’ensemble, mais j’ai passé un excellent moment devant ce film. Certes, il est très conventionnel dans sa construction et l’évolution de son personnage (montée, chute, rédemption), ce qui peut paraître presque paradoxal pour un personnage aussi peu conventionnel, mais c’est plutôt justement parce que c’est ce genre de personnage qui fait des biopics intéressants. Très conventionnel donc, mais pas inintéressants, puisque ça m’a permis de découvrir 2-3 trucs sur Freddie, de prendre conscience de certains passages fondateurs au sein du groupe et de la dynamique entre eux. J’ai beaucoup aimé les différents passages où on les voit élaborer leurs titres phares.

Ce qui m’amène donc en fait au principal point du film, et qui fait que je suis un peu mitigé. Le film réussit deux choses : l’icônisation de Freddie Mercury (mais pas forcément des autres membres du groupe, ce qui est intéressant), et la transcendance du processus créatif du groupe et de leurs performances musicales. Ce qui va créer un déséquilibre dans le rythme du film, ce qui est bien dommage. Globalement, le rythme est bien tenu, car on va monter crescendo selon le format classique, jusqu’à l’apothéose avec le Live Aid, où on s’envole littéralement vers d’autres cieux et on ne redescendra plus. Cependant, si on regarde de plus près, on va avoir énormément de variations, avec des pics vers le haut comme vers le bas.

Ainsi, on va voir la création du groupe et l’élaboration de leurs titres phares, créant ainsi des passages très intéressants auxquels vont s’ajouter les différents concerts. Et chose incroyable, chaque nouvelle scène sur la création d’un tube, chaque concert va se montrer encore plus extraordinaire que le précédent, avec notamment deux moments pivots, à savoir le concert à Madison Square Garden et la version réduite du Live Aid, qui est tout simplement époustouflante. Émotionnellement, on s’y croirait à chaque fois, et ça nous prend aux tripes, et oui, on se met à battre en rythme We Will Rock You et on se retrouve la gorge serrée avec We Are The Champions!, mais malheureusement ça ne fait pas tout.

Car entre ces moments grandioses, on aura les scènes plus intimes, qui se centre d’avantage sur la vie même de Freddie Mercury, et il faut admettre que la plupart ne tiennent pas le niveau. Au contraire, elles font souvent retomber le souffler à plat, ce qui est bien dommage. Certes, il y en a certaines qui sont très bonnes : la scène classique avec le producteur qui ne peut que faire sourire, celle où Freddie décide de se séparer de Paul, ou bien quand il apprend aux autres qu’il a le SIDA… Elles sont vraiment bonnes, mais l’immense majorité des autres s’essoufflent, ne parviennent pas à tenir le rythme. Parce que l’équipe du film a mis tellement d’efforts à reconstituer les différents concerts et à les transcender, qu’il n’y a plus de jus pour le reste. Et c’est ce que je reproche principalement au film. Il a des scènes excellentes, extrêmement puissantes d’un point de vue émotionnel, mais il n’arrive pas à gérer le reste, ce que les meilleurs biopics savent faire. D’où que je sois un peu mitigé.

Le casting ? Comme on pouvait s’y attendre, Rami Malek vise les récompenses avec sa prestation, mais vu le reste du film, je ne sais pas s’il va les obtenir. Mais on ne peut rien lui reprocher : il y a mis de sa personne, il est allé à fond, et a très bien réussi à incarner un personnage tellement hors norme qu’il est devenu une légende intemporelle. Chose également à noter, c’est que Malek n’occulte pas les autres acteurs et leur permet de s’exprimer à leur juste valeur, ce qui est toujours nécessaire dans ce genre de film. Certes, aucun ne tient la comparaison sur le film, mais chacun tire son épingle du jeu et propose quelque chose d’intéressant et de poignant.

Quant à l’aspect technique, comme je le disais, l’équipe du film y a mit tout ce qu’elle pouvait. La musique ? Principalement constituée d’une bande son reprenant les titres phares du groupe, ça va bien sûr dépendre de chacun. Pour ma part, ça m’a un peu permis de mieux les situer chronologiquement les unes avec les autres. Et puis c’est Queen quoi. Admirons également le travail fait sur le montage son, puis qu’on aura droit à la recréation des différents titres et que la musique y joue un rôle diégétique primordial. Les décors et les costumes sont purement incroyables, notamment ceux qui parent Freddie, pour nous replonger dans cette époque légendaire des années 70-80. Les effets spéciaux serviront surtout à reconstituer les différents concerts, notamment à Wembley.

Quant à la mise en scène, c’est difficile de savoir qui a fait quoi, mais ça reste cohérent sur l’ensemble du film, et comme je le disais, ça transcende totalement les différentes scènes phares du film. Encore une fois, la reconstitution du Live Aid… ça nous prend dans notre siège, et ça nous envoie dans le ciel sans qu’on n’y redescende. Ça nous fait fantasmer sur ce que ça a dû être en vrai, de le vivre en direct ou même via la télévision, mais justement, c’est quelque chose de tellement « over the top », de sensationnel, d’irréel, que je ne sais pas si ça aurait la même saveur dans en live. Même si je sais que c’est considéré comme LA plus grande prestation de rock en concert.

En conclusion, je n’ai pas été déçu par le film et j’ai passé un agréablement moment. Certaines des scènes sont parmi les moments les plus intenses que j’ai vécu au cinéma depuis bien longtemps, surtout pour un biopic. Mais d’un autre côté, le déséquilibre que ça crée avec le reste du film fait que je peux comprendre certaines critiques : c’est un excellent film de musique, mais est-ce un bon biopic ? Je n’en suis pas aussi certain. Néanmoins, ça reste une expérience et les fans de Queen auront de quoi verser dans la nostalgie une nouvelle fois.