Trouver la voie de l'équilibre entre comédie et drame. Beaucoup de cinéastes ont essayé et s'y sont cassés les dents. Marion Vernoux ne fait pratiquement que cela depuis Love,etc, et échoue la plupart du temps comme dans l'exécrable A boire. En conséquence, il y avait peu d'espérance concernant Bonhomme, avec un sujet pareil (un violent traumatisme crânien et ses séquelles tant individuels que dans la vie de couple). A cœur et à priapique, le film trouve étonnamment son chemin avec un mélange assez bigarré de chronique sociale et de développement intime, se jouant de pas mal de tabous et assumant un certain mauvais goût qui ne dépasse les bornes que rarement et uniquement par volonté de faire rire plus que de choquer. Il est fréquent que dans une même scène de Bonhomme, l'on soit tour à tour estomaqué, désemparé puis ragaillardi par un ton qui passe sans transition de la souffrance à la tendresse. Au fond, Bonhomme est une histoire d'amour vécue comme un défi permanent face à la bien-pensance de la société et de la famille. Nicolas Duvauchelle, si uniformément animal dans nombre de ses prestations antérieures, sidère ici par sa façon nuancée (bon, pas toujours) de jouer le délabrement intérieur et trouve une partenaire de choix en Ana Girardot, excellente de bout en bout et qui réussit le prodige de rendre l'alchimie avec son bonhomme crédible. Et pour une fois dans le cinéma français, les seconds rôles ont de la moelle et de la présence, à commencer par François Rollin inénarrable en médecin complaisant et libéré.