Boogie Nights par Le Blog Du Cinéma
(...) Amoureux de ses personnages, PTA pose également un regard nostalgique sur une époque révolue qui baignait dans l’insouciance. Une fois arrivés au sommet, Dirk et Jack ne peuvent plus grimper. Alors, inexorablement, la chute s’amorce, annoncée par l’arrivée de Philip Baker Hall (Hard Eight, Magnolia) proposant une association à Jack que le spectateur n’aurait pas refusée. Pressentant l’explosion d’autres médias quant au développement du X dans la société, il invite Jack à passer avec lui à la vidéo en délaissant le cinéma, sous peine de définitivement disparaître. Une offre non acceptée. Le film bascule alors, devenant sombre et désenchanté, loin de l’excellent travail photographique de Robert Elswit qui ne cessait de nous balancer ces couleurs aussi chaudasses que Rollergirl et d’une BO d’enfer regroupant les fameux tubes de cette kitchissime et ô combien aimée période culte. Paul Thomas Anderson marque ce passage quasi-obligé dans la déchéance, en nous gratifiant d’une des séquences les plus impressionnantes du métrage, un montage alterné accompagné cette fois-ci non pas par la BO mais la musique originale lourde et grave de Michael Penn. Le sexe est alors mis en scène d’une manière totalement opposée au joyeux enthousiasme qui nous contaminait jusqu’alors.
Pour son deuxième film, c’est un tour de force que réalise le jeune prodige. Certes, la construction scénaristique n’est pas vraiment originale (l’ascension vers la gloire, puis la chute du héros) et je conçois que la virtuosité formelle dans la mise en scène peut apparaître bling-bling ou lassante aux yeux de certains. Mais ce PTA est un excellent élève, prétentieux peut-être, mais indéniablement talentueux. Et si l’on gratte un peu, on découvre par delà la séduisante enveloppe, des discours aujourd’hui encore très raisonnants : l’égocentrisme et le narcissisme autour du talent ou encore l’adaptation artistique aux nouvelles technologies. Pour tout cela et bien d’autres éléments précédemment cités, on ne pourra pas reprocher au film son manque de profondeur. Surtout quand on choisit de s’engouffrer dans un tel sujet.
L'intégralité de notre critique, sur Le Blog du Cinéma