Personnellement, j'aime bien les caméras cachées et pour en avoir fait moi-même, je me rend compte d'à quel point il faut avoir un culot particulièrement prononcé pour, comme Sacha Baron Cohen, être totalement imbuvable, piéger les gens et tenir le rôle assez longtemps pour qu'on assiste à des moments assez dingue.
Du coup, ce qui me dérange dans Borat c'est la narration. Oui, les passages au Kazahkstan sont probablement assez racistes malgré leur drôlerie déjantée (on dirait une parodie maladroite des films de Kusturica) et la nécessité de trouver un fil rouge à l'histoire m'emmerde assez. Ce qui fait rire dans le film, c'est le côté "piège", du coup, à chaque fois qu'il y a des parties qui font intervenir son producteur ou son ours, je sais qu'il s'agit là d'un truc ultra-scénarisé, très contrôlé et monté de sorte à obtenir le malaise. Les seuls points intéressants reste lorsqu'ils arrivent à faire dévier leur délires vers le réel, comme la scène de baston à poil qui dégénère pour finalement déranger un meeting d'actionnaires.
Le fait que le tout soit filmé comme un mélange de fiction / réalité m'a empêché de rentrer dans le film. Dommage qu'il faille lire la notice wikipédia ou Allo Ciné pour se dire "ha mais ce truc là il l'a vraiment fait" et "ha mon dieu, mais ce truc là n'était pas exagéré." Inclure le caméraman Larry David dans le délire aurait permis aussi d'empêcher cette distanciation que j'avais tout du long.
Mais ce qui me gène le plus dans le film c'est le côté très "court" des caméras cachés : Borat interview une personne ou apparaît au milieu de gens où sa présence dérange, mais on a à peine le temps de se marrer que l'on est déjà passé à autre choses. (Sans doute pour masquer le manque d'intérêt et de réaction des personnes piégées.) Au final, les séquences que j'ai le plus apprécié sont celles qui durent le plus longtemps, comme le diner ultra-génant avec une famille prout-prout, l'appel à chanter l'hymne national (qui se solde par des huées du public) etc....
Au final, les 8 séquences coupées au montage m'on presque plus plue : on redécouvre le côté "brut" de ce genre d'exercice, où une ambiance est posée, où l'on cherche moins à raconter une histoire qu'à mettre en scène le malaise (ou au contraire le zen étonnant) des gens piégés par Cohen. Ma scène préféré étant le passage suréaliste au supermarché où Borat scrute chaque produit du rayon fromage en demandant au vendeur ce que c'est... et où pendant 5 minutes, le mec lui répond la même chose avec un flegme imperturbable. Trop longue, trop absurde, cette séquence reste un bonus. Dommage, c'est typiquement le genre de chose qui me font marrer.
Du reste, Borat se veut caricatural des USA mais au fond n'apporte franchement aucune leçon. Certes, ils arrivent à faire craquer le vernis de certains américains se montrant profondément racistes notamment lors du conflit en Irak... mais on avait pas besoin de gratter très loin pour prouver cela.
Le film est globalement très grossier, mais ça m'a quand même fait rire et détendu. En plus d'être un instantané des années "Bush" qui avec le recul va se bonifier avec le temps.