Entre couleurs pimpantes et images grinçantes

Braguino, documentaire réalisé par Clément Cogitore en 2017, montre les habitants d’un petit village perdu au beau milieu de la campagne russe. Des scènes du quotidien sont exposés, il n’y a pas de voix off et la caméra parait passive. En effet, elle participe uniquement en tant qu’observateur, et ce n’est qu’à un seul moment ou un des habitants du village, l’adolescent, lui demande s’il a peur des ours. C’est la seule interaction entre le réalisateur et les habitants. Mais cela n’empêche pas le réalisateur d’être engagé dans la vie de ces personnes, il montre le froid qu’il y a entre les deux villages séparés par la rivière, montre le problème que cause les Killines en abusant d’eux sachant qu’ils n’ont rien pour se défendre. Ce moyen-métrage met en avant un des problèmes dont doit faire face le pays, et même si la caméra-subjective ne reste qu’observatrice, en devenant nos yeux elle permet de nous montrer cette rudesse de la vie et ces paysans qui doivent se battre pour survivre. Tout cela résume bien la vie en Russie et la mentalité de la population, on voit bien que les russes sont assez rudes et qu’il ne faut pas trop les embêter.

On commence avec des images brouillées, on ne comprend pas ce qu’elles font ici, ce qu’elles signifient et c’est dommage car on s’attend à une explication donnée par le réalisateur, pas forcément explicite, mais au moins une explication. Des images qui n’apportent rien mais qui donnent une ambiance, essaye de retranscrire l’atmosphère du village, l’ambiance générale au sein de la petite population. Plusieurs fois nous avons accès à des scènes de chasse qui montre la technique pour abattre l’animal : le fusil. Autant dire que ce genre de scène est inutile lorsqu’elle devient trop longue ou lorsqu’elle se répète, on comprend du premier coup pas besoin de le redire. Quand le doyen tire sur les faisans ou sur les perdrix ainsi que la scène de chasse à l’ours n’apportent rien. On sait qu’ils chassent, nous n’avons pas besoin de voir tout le processus de découpage de l’ours. On retrouve d’ailleurs les pieds de l’ours en guise de chaussures que porte une des petites filles avec une robe rose, glauque et drôle à la fois mais qui montre en même temps que rien n’est perdu ni jeté et que la précarité de leur vie ne pleur permet pas de s’acheter des chaussures convenables. Après tout, ces pattes d’ours doivent bien lui tenir chaud, quand on sait qu’en Russie les hivers ont tendance à être un peu rude.
En revanche, lorsque l’on voit le doyen sur son bateau, les plans sur la forêt sont magnifiques, cette dernière se transforme et devient tout autre. Et on retrouve ce contraste plusieurs fois entre des plans pas très esthétique, presque filmés avec un petit téléphone portable et ces plans aux couleurs surprenantes (c’est grâce à ça qu’on peut observer les très jolies couleurs des pulls des enfants). Cette différence entre les plans nous laisse quand même relativement perplexe ; estce le but de Clément Cogitore, un problème technique ou de budget ? La détermination n’est pas évidente à saisir et c’est principalement pour cela que ce documentaire laisse à désirer.

FlorentinSeg
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le 13 avr. 2019

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Florentin Seg

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