Le cinéma français est ce qu’il est, et force est de constater que quand on interroge son entourage à son propos, les avis sont souvent unanimes pour dire que soit ils ne s’y intéressent pas, soit que c’est de la merde. J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises que je n’étais pas d’accord sur ce dernier point et que tout n’était clairement pas à jeter mais qu’il fallait trier. Mais c’est vrai que quand on est amateur de cinéma de genre et de séries B punchy comme moi, c’est plutôt maigre ce qu’on trouve chez nous en la matière depuis quelques années. Pourtant il y en a, oui oui, et des films tels que Nid de Guêpes, Mutants, La Proie, A L’Intérieur, A Bout Portant, Enragés, Goal of the Dead, Ares, Night Fare, La Nuit a Dévoré le Monde ou encore Frontière(s) méritent qu’on y jette un œil, même s’ils sont imparfaits. On rajoutera à cette liste très incomplète Braqueurs de Julien Leclercq, qui avait déjà pondu les efficaces Gibraltar, Lukas et L’Assaut.


Julien Leclercq est d’ailleurs un réalisateur qui ne s’est illustré que dans le cinéma de genre, la plupart du temps dans le polar nerveux et sec. Pour Braqueurs, sorti en 2015, il avoue s’être inspiré des films Heat (1995) de Michael Mann et The Town (2010) de Ben Affleck. Bien que n’égalant jamais ces deux derniers, Braqueurs est pourtant un film qui vaut le détour. Julien Leclercq a écrit son film avec Simon Moutaïrou avec qui il avait déjà collaboré quelques années auparavant pour L’Assaut. Afin de rendre leur film le plus réaliste possible, ils ont fait appel à Jérôme Pierrat, un journaliste spécialisé dans les enquêtes sur le crime organisé afin qu’il leur explique bien en détail comment fonctionne les braqueurs, de la préparation de leurs coups à leur exécution. Braqueurs va nous mettre dans la vie de braqueurs de fourgons qui vont se retrouver mêler à des histoires avec des dealers de drogue. Le film ne va jamais chercher le sensationnel, seulement l’efficacité en essayant de rester très réaliste, sans jamais faire l’apologie de la voyoucratie. Julien Leclercq ne semble d’ailleurs pas avoir d’autre intention que de pondre une série B qui défouraille un minimum. Le film commence très vite, avec une scène d’attaque de fourgon très efficace. On sent vite que l’ambiance froide, tendue, noire, ne laissera aucune place à un quelconque humour. La violence est sèche, radicale, assez rugueuse, et le réalisateur a la bonne idée de laisser la Police en retrait afin de se concentrer un maximum sur ses braqueurs qu’il développe et creuse au strict minimum, mais suffisamment pour qu’on ait de l’empathie à leur égard.


Il faut dire que Sami Bouajila est ici impeccable. Cet acteur est vraiment capable de tout jouer, interprétant ici son vrai rôle de dur à cuire (même s’il en jouait déjà malgré tout dans Nid de Guêpes ou Dernier Gang). Mais d’autres ne sont pas en reste, à commencer par Guillaume Gouix (Enragés, L’Immortel) tout en retenue malgré les évènements que va subir son personnage. Certains seconds rôles sont bien plus bancals, à commencer par le rappeur Kaaris qui aurait mieux fait de rester à la chanson (quoi que là aussi, j’émettrais personnellement de sérieux doutes). La mise en scène de Leclercq est de manière générale réussie. Souvent caméra à l’épaule afin de nous mettre encore plus dans le feu de l’action, il nous délivre des scènes d’action réellement efficaces, bien filmées, énergiques. C’est sobre, âpre, avec de jolis plans séquences. On notera malgré tout des soucis de rythme car, passé l’introduction, il faudra attendre la 45ème minutes pour que le film se lance vraiment et du coup, toute la première partie pourra paraitre un peu longuette. A partir de là, le rythme devient haletant, malgré un scénario certes bien écrit mais très convenu et, du coup, prévisible jusque dans son ultime plan, avec tout ce que cela comporte de clichés du genre. Le film traite de sujets tels que l’honneur, le sens du sacrifice, la loyauté, la famille, sans jamais tomber dans le pathos de bas étage. On pourra reprocher à Braqueurs son côté un peu trop « kaïra », comme s’il fallait absolument plaire au public des banlieues. Mais malgré tout, il n’en demeure pas moins un bon polar français qui vaut le coup d’œil.


Braqueurs est une série B assez percutante, épuré comme il faut, et d’une grande efficacité. Malgré un scénario au final quelconque, Julien Leclercq accouche ici d’une bobine qui mérite qu’on s‘y intéresse et qui devrait plaire aux amateurs de polars à la française.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
7
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le 26 oct. 2020

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cherycok

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