Brazil est un film qui ne laisse pas indemne.
Sam n'est malheureusement personne, au sein de ce monde opprimant l'individu, il n'est qu'un fichier parmi tant d'autres.


Brazil, c'est la chanson du rêve désespéré pour se sortir de la Machine.
C'est l'espoir de parvenir à la finalité du rêve, de vivre heureux et libre.


Mais Brazil n'existe pas, ou n'existe plus.
La seule règle de ce monde, c'est l'ordre et encore l'ordre : obéir aux supérieurs, eux-mêmes pions d'une entité inconnue. Mais c'est également se conformer aux normes sociétales ayant alors remplacé l'intelligence ; la consommation et les besoins les plus alimentaires, superficiels sont la priorité. Ainsi, le système peut prospérer ; en se reposant sur l'Ordre et la conformité de l'Individu à la masse.


La possibilité de se libérer n'existe pas, à l'image de ce héros symbolique et de ce gang illégal enfreignant les règles, qui finira par se faire écraser sous les feuilles de dossier. Il n'est qu'un pion, il pensait incarner quelque chose et pouvoir se défaire des liens ; mais il n'en est rien, le système le rattrapera toujours.


Mais surtout, Brazil, c'est le récit d'un rêveur malheureux, ne pouvant se satisfaire des besoins superficiels, à la recherche de la sincérité d'un monde qui a perdu son humanité définitivement.
Vous pleurez ? Ce n'est pas grave, l'État vous remboursera la perte de votre cher aimé par une somme conséquente. Le sentiment et l'émotion ne comptent plus, mais seulement la prospérité du système.


Ainsi, les différents attentats se multiplient et s'affirment comme signe de libération, avant que l'on rebouche les trous des tuyaux, afin que l'on ne puisse pas voir l'intérieur du système.


Alors le rêveur rencontre son amoureuse, l'embrasse et accomplit son rêve. Il pense s'affranchir enfin de ce monde fou, et tente de le détruire. Si seulement cela était possible, s'il pouvait s'envoler et s'enfuir; alors les caméras ne seraient d'aucune utilité.


Brazil est ainsi l'erreur du naïf, du sensible et de l'affectueux.
Parce que non, il n'est pas permis de se sortir de cet endroit, il faut le nourrir et ne pas l'offusquer.


L'happy-end n'arrivera pas, le rêve de Sam restera une illusion que le système saura détruire. Mais le rêveur l'aura vécu, pendant un moment, il aura vécu "Brazil", la danse entrainante et joyeuse l'emmenant loin de ce monde insoutenable.

William-Carlier
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le 23 janv. 2021

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William Carlier

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