Il se dit de-ci de-là que Breakfast Club serait l'aîné de tous les teens-movies malgré tout, ce film n'est pas simplement un film destiné aux adolescents, mettant en scène des adolescents. Breakfast Club est probablement le plus juste, le plus prenant, le plus émouvant aussi, des films dédiés à cet âge bâtard, ingrat et incompris durant lequel on laisse derrière soi la légèreté de l'enfance et où l'on se tourne vers le temps de la responsabilité, de la norme et du formatage. Breakfast club rend un hommage profond et sincère à l'esprit frondeur et à la volonté de révolte d'une jeunesse obligée de sacrifier ses idéaux avant même de les avoir rêvés.

La forme du huis-clos qui a été choisie est une aubaine pour un réalisateur qui va prendre le temps de s'attarder sur les visages et les comportements de chacun de ces cinq lycéens, tous bloqués en colle durant un samedi sans fin. Il n'ont absolument aucun point commun, chacun d'entre eux représentant une des tribus que l'on retrouve dans presque chaque lycée du monde. Leurs premiers échanges sont rugueux mais malgré eux, ils vont peu à peu faire front de résistance face à M. Vernon (Paul Gleason parfaitement ignoble), chargé de les surveiller. Ce front les amènera à s'ouvrir les uns aux autres le temps de quelques heures, juste assez pour découvrir que cette incompréhension commune entre le monde des adultes et le leur les lie plus que tout et amène chacun d'eux à endosser en société un rôle dont il ne veut pas.

Ce film puise sa force dans sa bande-son, pour laquelle le choix du Don't You de Simple Minds en ouverture et en clôture sonne comme un appel à la révolte, poings levés. Les dialogues, les acteurs qui les portent, sonnent juste et permettent de ne dévoiler que peu à peu les fêlures et les drames personnels de chacun, nous laissant le temps de les connaître et de les apprivoiser. Au fil de leurs échanges, ces cinq adolescents s'approprient tour à tour les drames des uns et des autres, le plus beau des ces moments prend la forme d'une réunion des « adolescents anonymes », lorsque chacun avoue aux autres la raison qui l'a amené à cette journée de colle, finissant même par reconnaître la raison pour laquelle il a commis l'acte qui lui a valu cette retenue, pour au final ouvrir ses souffrances aux autres.

On fini ce film optimiste, utopiste aussi, le message qui nous en parvient à la fin est plutôt rassurant et laisse à penser que ces jeunes adultes, en pleine traversée de la période la plus difficile de leur vie, sont certainement plus forts que la plupart des adultes qui prétendent présider à leur destinée. Ce film pourrait être au mieux une clé de compréhension, au pire un judicieux rappel à l'ordre aux parents qui tiendraient coûte que coûte à faire rentrer de force leurs enfants dans un moule et n'y parviendraient pas. Ces adolescents savent malgré nous se montrer fort ensemble alors que nous pensons être forts seuls, ils savent s'ouvrir à leurs différences alors que nous les rejetons, ils savent voir juste dans les autres alors que nous voyons à travers le prisme de nos préjugés, ils savent être spontanés alors que nous étouffons sous nos principes.
Jambalaya
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le 19 mars 2013

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Jambalaya

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