Issue du petit écran, Roxann Dawson plonge en terre inconnue dans un premier long-métrage rempli de bonnes volontés, mais d’une mauvaise exécution. Le film a la fâcheuse tendance à surexpliquer et à s’éloigner de son sujet, car jamais nous ne quittons Dieu et son église, le temps d’une longue prière que l’on ne remet pas en cause. Il remplit sans doute son contrat pour l’hommage et le feel-good movie, mais ne franchit pas le seuil cinématographique requis pour que l’on prenne correctement part au combat de John. De plus, en empruntant une lecture linéaire du roman autobiographique de Joyce Smith, la mère du survivant, le film s'étouffe dans la représentation de la divinité et épouse frontalement un Deus Ex Machina, réduisant ainsi toute chance d’explorer les émotions attendues.


On ouvre sur l’emblème de l’adolescent en crise existentielle et qui cherche donc à trouver sa place et qui mise sur ses loisirs, autrement dit la facilité. Rien d’exceptionnel, si ce n’est son rapport à la foi que l’on sent négligé, ce qui est compréhensible à un âge où la distraction technologique ou autres phénomènes de société tend à amputer de la personnalité aux plus jeunes. Vient alors son accident, très médiatisé et qui insiste sur l’omniprésence de Dieu, car l’entité résonne partout dans ce film, même chez les non-croyants, que l’on sous-traite avec si peu d’élégance. L’introspection de John Smith (Marcel Ruiz) est donc mise sur le dos de son accident pendant presque la quasi-totalité de l’œuvre. Bien entendu, nous revenons dessus sur un dénouement qui cherche désespérément à motiver le spectateur et à le toucher par la foi, mais dans le fond comme à la surface, il n’y a qu’un message artificiel qui est loin de traverser l’écran. Relativiser, c’est également permettre au personnage de confronter sa survie à la foi et à la divinité, que l’on zappe trop rapidement pour s’y intéresse. On nous demande de l’accepter, sans concessions.


C’est bien sa mère qui occupe la place majeure dans un récit qu’elle conte elle-même. Chrissy Metz lui donne une énergie acceptable, mais qu’en est-il de ce qu’elle véhicule. Même si nous ne mentionnerons pas la coïncidence de l’acte de foi, il y a une barrière que le film franchit de nombreuses fois, sans prendre du recul et c’est justement la force des prières. Il manque constamment du conflit et du développement, dans cette danse confessionnelle, qui ne rime pas à grand-chose si l’on s’adonne aveuglément à un unique point de vue. De ce fait, on ne nous apprend rien de plus que l’on ne sache ou suppose déjà. Et les personnages sont loin d’apprendre quoi que ce soit, ils ne sont qu’observateurs et ne parvienne pas à trouver les bons mots pour convaincre l’audience, petite pensée au pasteur Jason Noble (Topher Grace). D’autres détails que l’on mentionne vaguement sont vraiment laissés de côté, de quoi gâcher davantage les espérances d’un spectateur lambda qui aurait aimé plus d’implication spirituelle ou émotionnelle. Pourquoi ce garçon plutôt qu’une autre personne qui mérite sans doute plus d’attention ? Pourquoi serait-il victime de cet accident dans ce cas ? Pourquoi ?


“Breakthrough” aurait certainement mérité un développement sur la reconstruction de l’enfant et de sa famille. L’environnement de ce film souhaitait respecter une certaine cohérence vis-à-vis de ce que les proches de John ont traversé, mais cela limitait énormément les enjeux ou les pistes de réflexion. Le film n’est pas recommandable dans la mesure où il use maladroitement de son sujet pour satisfaire une communauté chrétienne que l’on reconnaît solidaire, mais divisée par des contraintes contemporaines. Autant se rabattre sur “La Ligne Verte” de Frank Darabont, qui saura trouver la justesse et avancer dans des enjeux plus universels face au miracle.

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le 17 janv. 2020

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