Et l'amour fut

Dans une triste cité dortoir des années 80, polonaise qui plus est, taillée à même la grisaille, comme si, à force, du ciel qui ne se découvre jamais s'étaient creusé ses tours, il y a une belle femme blonde, dont la beauté céleste est rendue palpable par des prémices de rides.
Dans l'immeuble d'en face, il y a un jeune homme de 19 ans, qui l'observe à la lunette et tombe amoureux.
Suffisemment intelligente pour ne pas confondre harcèlement et amour, après qu'il lui ait avoué ses stratagèmes retors pour l'observer et la rencontrer, elle initie un jeu avec le jeune amoureux, qui lui vaudra notemment un cassage de gueule par l'amant du moment, fiotte virile, devant laquelle il n'hésite pas à se présenter, porter par son amour véritable, pour recevoir un coup de poing sans broncher.
Elle en rit, très cynique, mais attendrie tout de même. Il révèle son amour. Elle le questionne. Il ne veut rien, juste l'aimer.

Il l'invite à manger une glace. Conversation : "et que fais-tu d'autre à part travailler à la poste et m'aimer ?", cela l'amuse. Elle est cynique. Elle a multiplié les amants. Elle pleure parfois le soir, et ne crois plus à l'amour. Mais tout de même, ce jeune homme qui dit l'aimer l'intrigue, quelque part. Son cynisme n'est qu'un sale réflexe.

Elle se veut initiatrice, cougar avant l'heure, avec sa proie qui s'est jetée d'elle même entre ses griffes, belle panthère blonde. Si nous attrapons le bus, tu viens chez moi, sinon tant pis... Ils attrappent le bus.

Il est dans le fauteuil, puceau paralysé, elle sort de la douche, et se met accroupie devant lui. Les femmes deviennent humides à l'interieure quand elles désirent un homme... lui déclare-t-elle, mystique qui fout la gaule...

Elle lui prend les mains, lentement elles évoluent sur ses cuisses, remontent vers le point intangible où fini le monde, plus les mains approchent plus l'haleine de son antre chaude doit lui saisir, Lucius Scaevola en déconfiture, qui plonge ses mains dans le feu d'amour. Il brûle de l'interieur, presque en convulsion, feu de paille de la pucellerie, très mystique scène de l'intouchable il se consume et disparait dans les cendre d'une éjaculation en approchant de la révélation féminine, belle plante blonde faites de braises d'amour. Icare du cul qui prend feu au soleil de la chatte !

Et voilà, c'est ça l'amour... Il y a une serviette dans la salle de bain si tu veux. Sans aucune délicatesse, à peine est-il revenu à lui, qu'elle l'humilie bêtement et lui vomi son cynisme. Elle voulait l'édifier au fond. Comme une conasse qu'elle n'est pas, murée (une femme mûrée ?) dans sa posture d'être revenue de tout pour mieux supporter ses déceptions.
Mais il brise ce mur en se levant d'un coup pour s'enfuir : bousculée elle reste à la renverse, échevelée dans son déshabillé. Elle a comprit sa bêtise.

Pardonne-moi. Reviens. Elle écris ça sur un grand panneau, elle montre le téléphone, mais il n'observe plus. Il se coupe les veines, autre réponse à l'insensibilité : le cynisme qui corrompt ou se couper les veines.

Il est à l'hopital. Elle le recherche. Elle comprend. Ca existe encore. Elle tombe amoureuse. L'initiation est inversée.

Malgré la sale vie moderne, la tristesse de l'environnement, la mesquinerie générale et le cynisme qui en découle, l'amour peut encore naitre, comme dans un champ désolé la vie renait. Et l'amour féconde.

L'amour comme toute chose éternelle, comme toute chose qui relève de l'être, est indéfectible. Dans le néant moderne il renait à partir de rien, tout comme l'être à partir de rien, fut.

adri1
10
Écrit par

Créée

le 7 oct. 2019

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adri1

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