Dans ce film, où il joue le rôle-titre, Woody Allen veut sans doute rendre hommage au music-hall, aux scènes où il était présent à ses débuts en tant qu'humoriste, et surtout aux petites gens qui sont ces artistes essayant de s'en sortir. Le film est un flash-back où des artistes se remémorent les galères de cet imprésario, Danny Rose, et surtout avec deux de ses clients : Lou Canova, un crooner, et Tina Vitale, une actrice au fort caractère.
Même si le personnage joué par Woody Allen ressemble un peu à ce que sont ses personnages antérieurs, à savoir nerveux, parlant à toute vitesse et assez maladroit, j'y ai vu en plus quelque chose de touchant sur l'envie de réussir, notamment par ce personnage touchant de Lou Canova (interprété par Nick Apollo Forte, qui est chanteur dans la vie), sorte de gros nounours qui veut être chanteur, entre autre pour séduire celle qu'il aime. Quant à Mia Farrow, qui est une actrice diva en puissance, à l'image de ses lunettes de soleil qu'elle ne quittera qu'une seule fois, comme pour montrer qu'elle est plus fragile que prévue sous sa carapace.
Le film est quand même assez drôle, avec une fusillade dans une usine aux réservoirs d'hélium qui font changer les voix, ou encore l'épisode où Danny Rose va recruter le plus mauvais ventriloque de New York. Parlons de la technique, qui est un superbe noir et blanc signé Gordon Willis qui rend très bien hommage au New York des années 50 (époque où se déroule film), et dont on voit que la mise en scène de Woody Allen est un peu plus vive qu'à l'accoutumée, à en juger du superbe travelling qui clôt l'histoire.
Peut-être que le film est personnel pour Woody Allen, qui a eu l'âge à cette époque de rencontrer des imprésarios improbables ou de se produire dans des petits cabarets, mais j'en retiens une histoire assez touchante.