Cherchant à capter la force vitale d’une jeunesse où rien n’est impossible, contrainte, malgré son silence, de cohabiter avec ses géniteurs, Brooklyn Village est pris d’une fâcheuse tendance à n’émerveiller que par sa musique et les dessins de son protagoniste, chargé de diffuser la poudre d’étoile instillée par ses enfants dans le quotidien répétitif et terne frappé du sceau « film d’auteur indépendant ». Toute la démarche refuse la grandiloquence, jette un père plein de larmes à la cave comme aveu implicite des blessures adultes ; pourtant la démarche de Sachs elle-même sonne comme grandiloquente, gorgée d’une lutte des classes intestines où les sentiments n’ont guère de prise. Naissent les clichés où les Latino-américains sortent les photos de famille, où l’Américain bourgeois monte son spectacle un peu ridicule et où la mère est psy. Touchés nous ne le sommes jamais, captivés guère. Derrière la révolte anti-bourgeoise, Brooklyn Village donne l’impression de n’avoir rien à raconter, de laisser couler l’existence de ses personnages du haut de son perchoir new-yorkais. Car le film pense traiter la fragilité mais donne le sentiment d’un contrôle omniprésent plutôt hors-sujet.