On se moque souvent de Vincent Gallo. L'homme qui occupe tous les postes sur ses films. On dit que le cinéma est un art collectif, mais pas pour lui. Toujours est il que dans mes souvenirs, ce film était plutôt sérieux. Très vite, j'ai compris que j'étais dans l'erreur. Buffalo 66 est une comédie teintée de drame, un poil surréaliste.

Le film comporte des scènes vraiment superbes. Vincent joue avec la caméra autant qu'il joue avec ses personnages. Il expérimente. Cela donne un résultat saisissant. J'aime particulièrement le grain et la photographie du film. Puis les digressions poétiques sont très belles, telle que la scène de danse au bowling. Le travail de découpage et montage se révèlent intéressant (façon de placer la caméra lors du dîner, et façon d'insérer des flash back).

Il y a tout de même des défauts au film. Tout d'abord, j'ai trouvé que l'ensemble manquait d'unicité, que c'était un peu décousu. Sans doute le changement d'objectif en cours de route y est pour quelque chose surtout qu'il abandonne l'ancien. Enfin non. Disons que le vrai objectif se trouve bien caché derrière deux faux objectifs qui se suivent. Mais c'est tellement bien caché, tellement peu abordé frontalement que cela pourra gêner. Du coup, il en résulte une impression de scission à la moitié du film.

Ensuite, j'ai trouvé qu'il manquait quelques éléments pour justifier l'évolution finale du personnage. Je suis d'ailleurs peu convaincu d'un réel changement tant il a tardé à s'opérer. Par contre, l'alchmie entre les deux personnages fonctionne étonnament bien. C'est-à-dire que, même si l'on ne comprend la détresse du personnage interprété par Ricci que tardivement, jamais je n'ai eu à remettre en question le fait qu'elle accepte de le suivre. Sans doute parce que leur rapprochement a lieu très tôt durant le film et que l'agacement de la jeune femme n'est jamais montré. Au contraire, elle semble amusée de la tournure que prennent les évènements.

Bref, Buffalo 66 n'est pas le film indépendant prétentieux qu'il laissait présager. Les 10 premières minutes le prouvent. C'est au contraire un agréable divertissement sur lequel, pourtant, Vincent Gallo se permet d'expérimenter et de faire passer sa propre réflexion sur le médium.
Fatpooper
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le 20 juil. 2012

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