On a perdu le script au dernier virage !

C'est un sentiment partagé que provoque Bullit lorsqu'on le découvre seulement aujourd'hui. Souvent cité lorsqu'il est question de polar urbain américain, le film de Yates n'est ni plus, ni moins, qu'une référence du genre qui a influencé bon nombre de films sortis par la suite. Dès lors, l'attente, au moment de découvrir ce titre, est forcément au rendez-vous. Malheureusement, Yates ne la comblera qu'en partie.

Oui, Bullit est une référence légitime, mais pour un seul de ses aspects, à savoir cette course poursuite dantesque qui prend place en moitié de film. Une pièce de mise en scène très maîtrisée qui a forcément inspiré un bon paquet de réalisateurs par la suite, tant elle était novatrice quand elle est sortie sur les écrans. La caméra y est projetée en plein coeur de l'action, la vitesse y est rendue avec beaucoup de réalisme et son rythme parfaitement maîtrisé en fait un sacré morceau de cinoche. Nul doute qu'à ce niveau, Yates a réfléchi sa séquence dans le but de marquer les esprits avec une proposition cinématographique encore jamais vue à cette époque.

Mais en dehors de cette poursuite d'anthologie, le film peine un peu à décoller, la faute à un script un peu laborieux qui parvient difficilement à maintenir son cap pour rythmer les presque 2 heures que comporte la bobine. Le jeu politique qui se joue à l'écran semble lointain et l'enquête policière n'est pas des plus passionnantes. Le temps se fait parfois un peu long, on se surprend même à regarder sa montre par moment. Heureusement que le magnétique McQueen est de la partie, son charisme comble l'épaisseur du script et nous permet de rester intéressé.

Malgré cette maladresse dans l'écriture, Bullit est tout de même un joli morceau du cinéma d'action, qui vaut le coup d'oeil ne serait-ce que pour cette course poursuite qui restera encore longtemps sur les lèvres des connaisseurs. On est bien devant un bon polar qui fleure bon les seventies, même s'il est très balisé et un peu maladroit dans sa narration. Yates avait certainement du tellement cogiter sur sa course poursuite qu'il avait un peu laissé le reste se construire tout seul, en comptant, à raison, sur l'excellence de son acteur principal. Mais bon, ça ne fait quand même pas tout, on est bien loin par exemple, de la puissance d'un Inspecteur Harry.
oso
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le 15 févr. 2014

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