Cœur mécanique, émotions artificielles

Parfois, je ne comprends pas les gens. J'ai conscient d'avoir été bien trop clément avec la saga Transformers par le passé et il y a de fortes chances que mes notes généreuses ne survivent pas à un nouveau visionnage, la catastrophe totale et absolue servant de cinquième opus m'ayant ouvert les yeux sur ce déluge de beauferie. Parce que oui, les notes là, c'est pas celle de Newt, mais du p'tit Newt, celui de 13 ans, qui kiffait les super-héros et autres explosions. Bref. Que voulez-vous. Tout ça pour dire qu'après cette violente désillusion le Newt n'attendait plus grand chose de la saga Transformers. Pourtant voilà que ce Bumblebee se pointe et, surprise totale, apparemment c'est sympa, on fait peau neuve, moins de meufs sur-sexualisées, moins d'action etc. En clair, moins de Micheal Bay.


Sauf que les critiques semblent éluder que Bumblebee tronque la beauferie pétaradante de Bay pour une niaiserie stéréotypée d'une platitude sans nom. Sincèrement, je suis absolument effaré d'avoir lu le mot "attachant" qualifier ce film. C'est juste dingue. Reprenons du début ; ce spin-off puise donc dans l'héritage purement Spielbergien, avec pour but de donner un rôle plus important aux enfants ainsi qu'à la relation entre le héros et la machine tout en diminuant considérablement la dose d'action. Très bien, ce sont de forts bonnes intentions, je n'ai rien à redire à part que c'est complètement raté, tant dans la mise en scène que dans l'écriture.


Le film n'est qu'un gigantesque best-of de tous les clichés les plus éculés de la télévision pour jeunesse. Rien ne semble vrai, juste ou même tout simplement drôle. Tout sonne téléphoné, déjà vu, fade. L'héroïne - au passage très très maquillée c'est un beau message aux jeunes filles dit donc soyez comme ça c'est nul le naturel- en est le plus triste exemple. De sa relation avec ses parents au fameux traumatisme, l'écriture est d'une fainéantise tout simplement honteuse. Tous les personnages sont écrits sur le même mode, réduits à un rôle purement fonctionnel : le petit frère insupportable, le méchant militaire intolérant, le trio de pestes etc. Le récit suit le même schéma, ne s'autorise jamais des instants de décrochage et n'approfondit jamais efficacement son héroïne, préférant rejouer des scènes vus mille fois ailleurs - comme l'extra-terrestre qui décide de sortir de sa chambre pendant que l'héroïne est à l'école pour tout casser alala c'est original ça on se marre dit donc.
Tout est donc mécanisé, sans âme ni cœur. Spielberg me manque. Si ce film est censé toucher les enfants, alors pourquoi tout sonne si faux? On accorde à peine une quarantaine de secondes à la scène d'adieu, censée être un des climax émotionnels...Et c'est comme ça tout le temps. On a une œuvre qui suinte la flemme par tous les pores. Le tout est évidemment accompagné par un humour forcé franchement malaisant. Je sais que tout ceci est destiné à des enfants mais c'était nécessaire d'être à ce point gogol ? D'être si peu naturel ? C'est juste pénible d'être face à un film qui cache aussi mal sa nature de produit purement commercial.


Mais venons-en à la deuxième grosse connerie que j'ai pu lire : la pertinence du choix de Travis Knight en tant que réalisateur. Alors oui, il a fait Kubo, c'était sincèrement très sympathique mais en voyant le résultat je ne peux m'empêcher d'émettre quelques (dizaines ?) de doutes quant à son "talent". Certes, quelques gags visuels fonctionnent bien (j'ai ri trois fois), les scènes d'action ont le mérite d'être lisibles et on est loin de l'orgie d'effets spéciaux de Bay. Mais sinon, c'est juste insignifiant.
Si Bay en faisait dix fois trop, Knight s'avère scandaleusement paresseux en terme d'action, n'offrant qu'une poignée de séquences sans la moindre ampleur ni originalité. C'est juste des effets spéciaux qui se battent en plan plus au moins long, voilà, tu prends ton pied ? Difficile de ressentir plus grande indifférence. A noter aussi l'absence totale de photographie, c'est habituel dans les blockbusters mais ça ne finira jamais de me consterner. Excepté un ou deux effets, la réalisation est donc d'une platitude exemplaire. Ah oui, ai-je besoin de préciser que le tout est rythmé par le sempiternel jukebox des années 80 ? Sans rire, Les Gardiens de la galaxie c'était chouette mais il est peut-être temps de stopper cette horrible manie de foutre des bons morceaux partout pour "faire années 80".


En comparaison avec les films de Bay, on est clairement passé de la peste au choléra avec ce Bumblebee complètement désincarné. Ne vous laissez pas berner par l'accueil honnête ou par le nom du réalisateur, on est devant un pur produit commercial tout ce qui a de plus impersonnel. Croyez-moi, les cinéphiles n'ont pas fini de trembler à l'annonce du mot "Transformers".

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le 13 janv. 2019

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