Le retour de l'un des antagonistes les plus cultes des œuvres contemporaines, le clown tueur Grippe-Sou, dans les salles obscures ? Autant dire, et c'est un euphémisme, que le projet était particulièrement attendu... Au tournant. Et pour cause, bon nombre de classiques du cinéma d'épouvante ayant fait ces dernières années l'objet de remake ou de sequels (Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, Carrie, Evil Dead, Rings...) n'ont pas retrouvé la gloire passée... Quant aux adaptations de la bibliographie fleuve de Stephen King, elles aussi, sont d'inspiration assez variable (le tout récent La Tour Sombre, de Nikolaj Arcel pour ne citer que lui, est largement oubliable)...


La réussite au box-office du film d'Andres Muschietti (qui est devenu le film d'horreur le plus rentable de l'histoire du cinéma) n'est pas imméritée : le pari est réussi. Le retour de Ça au cinéma ne fait que confirmer la vague de nostalgie du cinéma des années 80 qui secoue Hollywood et les networks américains depuis quelques années. Après Super 8 (J.J Abrams, 2011) ou les séries télé Stranger Things ou Black Mirror (et son épisode San Junipero), les héros de Ça nouvelle version n'ont rien à envier à leurs prédécesseurs de E.T. (Steven Spielberg, 1982) ou des Goonies (1985). Les Madeleines de Proust de la pop-culture des années 80 ne manquent donc pas dans le film, faisant référence, pêle mêle, aux New Kids on The Block, à L'Arme fatale ou aux Gremlins.
Les amateurs de film d'horreur dans leur trame la plus classique pourront être déçus : Ça est surtout un film sur ces enfants, pas encore adolescents et déjà confrontés à la dureté du monde des adultes (au harcèlement, au deuil, à l'inceste, à l'hypocondrie), et dont les peurs sont exploitées par le personnage du clown tueur. Les scènes où les enfants rencontrent chacun de leur côté le monstre sont particulièrement réussies en cela. Du reste, le film n'est pas avare en jump scare, procédé répandu et efficace des films d'horreur à défaut d'être original. Ce qui l'est plus en revanche, c'est la scène d'introduction : probablement la plus emblématique de Ça, elle réussit à surprendre par sa violence exacerbée et peu banale pour un film hollywoodien. Entre aventure et angoisse, innocence et univers malsain, Ça réussit son coup et on prend plaisir à monter dans ce manège hanté. Jouissif !

Adao
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le 29 sept. 2017

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Adao

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