"Le passé ne meurt jamais. Il ne passe même pas." (William Faulkner)

Crime de lèse-majesté, un film français oserait remaker un film américain, en l’occurrence Peggy Sue s'est mariée ?
Je suis désolé de dire, mais, excepté le thème très connu au cinéma qui est le voyage dans le passé (une série comme La quatrième dimension le faisait déjà !), ça n'a RIEN à voir, car je doute que Coppola était une lycéenne de 21 ans, ou vivait dans un lycée chic. Cela dit, j'aime bien ce dernier film, mais c'était pour mettre les barres sur les T.

Car Noémie Lvovsky prend le spectateur à contre-pied, et prend des sujets qui ont l'air de lui être très personnels, comme l'atteste la dédicace à sa mère décédée, et on peut donc supposer que l'adolescence que cette femme de 40 ans est un peu la sienne.
Tout d'abord, sur un pitch assez improbable, elle se risque à une chose extrêmement casse-gueule ; c'est Noémie Lvovsky soi-même qui joue le rôle de Camille à 40 ET à 16 ans, et le plus fou, c'est qu'elle reste crédible en étant à nouveau une ado. Elle va être une ado mais tout en sachant ce que elle et son entourage va devenir dans 25 ans, pour le meilleur ou pour le pire.
Si on a droit à quelques scènes marrantes où sa mère vient la réveiller pour aller à l'école, et elle marmonne en disant qu'elle a déjà donné, le ton du film baigne dans une grande mélancolie, celle du temps passé, et des personnes que l'on aime qui peuvent disparaitre entre-temps.
Outre l'histoire d'amour avec son futur mari qu'elle veut éviter car elle sait qu'il la trompera d'ici 25 ans, sa grande hantise est de tenter d'empêcher sa mère d'avoir son attaque cérébrale qui la tuera. Mais, comme on ne peut rien contre le temps qui passe, elle va avoir une idée de scénario magnifique ; elle va poursuivre sa mère avec un micro afin qu'elle puisse entendre à l'envi sa voix dans son Walkman. Le destin de cette femme (interprétée par une grande Yolande Moreau), est malheureusement en marche, dans une scène vraiment bouleversante, qu'on ne voit pas, mais qu'on entend, et qu'on pressentait malheureusement : c'est la plus belle scène du film.

A l'image de cette (grande) partie du film, c'est assez peu marrant, excepté sur le fait que Camille va savoir le destin de son entourage, ce qui les déstabilise un peu, et sur les rencontres avec les garçons qui sont représentés comme des écervelés et des maladroits.
Dieu merci, on a échappé à un travail maladif de la reconstitution des années 80, à part justement un Walkman ou les jupes de couleur de Camille.
Par contre, là où j'émettrais un léger bémol, c'est que la réalisatrice aime beaucoup son actrice : manque de pot, c'est la même personne. On aurait aimé connaitre davantage ses amies du collège (dont l'étonnante Judith Chemla), mais on ne peut pas dire qu'elle ne sache pas manipuler une caméra.
Tout le film repose sur ces questions-là, à savoir si on voudrait changer notre passé si on le pourrait, et a-t-on eu le temps de dire à nos proches combien on les aime ?

Porté par un casting quatre étoiles (Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Yolande Moreau, Judith Chemla, Mathieu Amalric, sans oublier les courtes prestations de Jean-Pierre Léaud et Riad Sattouf) et le très touchant Samir Guesmi, qui joue le futur mari de Camille, c'est vraiment un joli film, porté à la fois par une nostalgie du temps perdu, et l'émotion irriguée par Noémie Lvovsky.
Boubakar
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le 29 janv. 2013

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