Alors, oui, CANDYMAN est d’abord un film d’horreur angoissant et gore, à la limite de l'écœurant. Il arrivait d’ailleurs au réalisateur Bernard Rose, lors du tournage des séquences de meurtre, qu'il se saisisse de la bombe de faux sang pour en répandre partout sur le plateau en hurlant « Plus de sang ! Plus de sang ! » ; ce qui faisait rire les acteurs et techniciens. Mais CANDYMAN est aussi un film romantique (si, si!). Et c’est ce qui le rend d’autant plus passionnant à suivre. Entre FRANKENSTEIN et LA BELLE ET LA BÊTE par le lien qui se tisse entre le personnage d’Helen et le fameux Candyman, par la mise en scène voulu par Rose (notamment pour ce qui est de l’éclairage), et par le regard emprunt de mélancolie de Tony Todd. Son interprétation de ce boogeyman est par ailleurs exemplaire. Grâce à sa voix, à la fois calme et ténébreuse, ainsi qu’à son immense carrure, il imprime immédiatement son personnage dans le regard du spectateur. En face, la performance de Virginia Madsen est elle aussi exceptionnelle, présentant une palette d’émotion extrêmement riche. A tout cela, s’ajoute la superbe musique de Philip Glass, rêveuse et inquiétante. De la bel ouvrage.
CANDYMAN est l’adaptation très libre d’une nouvelle du romancier Clive Barker, THE FORBIDDEN, dont l’action prenait place à Liverpool, ville d’origine de l’auteur. Bernard Rose, également scénariste du film, l'a retravaillé en transposant l’action à Chicago, et en y apportant une dimension sociale inédite, évoquant, à travers le mythe de Candyman, l’Histoire de la communauté noire américaine. Le film traite également de manière très intelligente, et sans jamais appuyer lourdement son propose, la question de la construction et de l’existence d’une légende urbaine. Il présente le mythe comme un organisme vivant se nourrissant de la crédulité des vivants. C’est vraiment très bien vu.
A noter que l’actrice Virginia Madsen, en plus d’avoir effectué des examens pour confirmer auprès de la production son allergie aux piqûres d’abeille (un sensibilité qui nécessitait par ailleurs la présence d’un service d’urgence sur le plateau), a été hypnotisé à la demande du réalisateur afin de décupler l’intensité de ses scènes avec le Candyman. Une astuce qui fonctionne parfaitement à l’image.