C'est quand même dommage, oui, parce que ça partait pas si mal, il y a des bonnes choses dans ce volet. Mais je pense que le vrai problème est que ce film est trop ambitieux dans le nombre de sujets qu'il veut développer. Trop de nouveaux personnages et trop d'incohérences donnent peu de charisme aux héros et au film.
Un point sur les nouveaux personnages :
L'énième reboot de Spider-Man, toujours plus jeune, n'a absolument aucune consistance. Si l'ajout progressif de nouveaux personnages fait partie du principe du Marvel Common Universe (MCU) ce serait quand même pas mal que les scénaristes prennent le temps de construire un peu les personnages. Antman par exemple a eu le droit à un film pour mettre son personnage en selle, ça aurait pu être une idée de faire un film pour introduire Spider-Man et/ou la Panthère Noire. Encore plus pour les non-initié à l'univers Marvel, voir l'héritier du trône du Wakanda devenir un super héros en l'espace de 15 minutes c'est un peu rapide. Et cela sans aucune explication, juste une phrase expliquant l'existence d'un lignée de guerrier au Wakanda chargée de protéger les intérêts du pays... Pas très subtile.
Un autre point sur les incohérences :
Généralement je suis très laxiste sur les incohérences quand je regarde un film. Parfois, quand on veut rendre une scène plus impressionnante, un personnage plus charismatique ou un propos plus percutant, ça peut être un choix scénaristique de laisser passer une incohérence. Et je suis prêt à pardonner n'importe quelle incohérence du moment qu'elle est justifiée mais dans Civil War les incohérences se bousculent et aucune ne se justifie...
Tante May qui est supposée incarner un personnage de sagesse et de mesure dont le rôle est d'empêcher Spider-Man de se laisser aller à ses émotions est ici présentée sous les traits d'une femme du même âge que Tony Stark qui se retrouve d'ailleurs troublé par le potentiel sexy et frivole de Tante May, dont le décalage avec le personnage original des Comics n'est justifié que par quelques blagues occupant en tout et pour tout trois minutes à l'écran.
Et je ne vais pas évoquer les incohérences au niveau des capacités des héros... Une chose qui pour moi est extrêmement importante dans un film de super-héros, qui présente donc des personnages aux capacités hors-normes, ou anormales, c'est de rester cohérent. Le pari des scénaristes dans ce genre de film est de plonger le spectateur dans l'histoire et de le garder immerger jusqu'au bout de sorte qu'il ne soit jamais en mesure de se rappeler qu'il est en train de regarder quelque chose qui n'existe pas. Qu'il ne soit jamais en mesure de se rendre compte, pendant la durée du film, que ce n'est pas réel. Or le fait d'avoir des incohérences au niveau des pouvoirs et capacités des héros est une erreur impardonnable, car cela brise cette immersion.
Pour résumer, Captain America : Civil War pêche pour deux raisons. La première est, comme je l'ai dit au début de ma critique, la volonté de compiler l'apparition de deux nouveaux personnages et la construction d'un scénario autour d'un fratricide. Ça nécessite beaucoup de travail pour que ce soit crédible et malheureusement le film ne répond pas à ce défi, il aurait peut-être été judicieux de le diviser en deux volets.
La seconde est le mépris pour les incohérences. La règle numéro une du scénario est que chaque propos doit être justifié et rien ne doit être laissé au hasard. On ne peut pas se permettre de montrer un méchant accomplissant un acte méchant parce qu'il est méchant et sans aucune justification. Or c'est exactement ce que l'on voit dans la scène d'intro.
En bref un film qui se laisse regarder quand on aime bien l'univers Marvel mais qui n'est pas très bon en soi...