Viggo e(s)t Bo
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Ben et Leslie Cash ont fait le choix de vivre en forêt avec leurs six enfants à qui ils imposent une éducation stricte et complète. Mais l’hospitalisation, puis la mort de Leslie, contraint la famille de quitter son antre à ciel ouvert afin de pouvoir assister à l’enterrement. La confrontation à la civilisation américaine alentour va tout changer.
Un daim arrache une feuille et la rumine, lorsqu’une figure noire de boue apparaît discrètement derrière un buisson. La bête n’a guère le temps de s’en apercevoir qu’une lame acérée déjà l’égorge. Bodevan, l’aîné de la famille, vient de l’achever. Son père lui donne avec fierté le foie de l’animal que le jeune homme mange cru sous les cris guerriers de ses frères et de ses sœurs : « Tu es désormais un homme, mon fils ». Ce rite initiatique qui nous situerait dans une contrée lointaine africaine ou amazonienne est pourtant le fait d’Américains qui une fois désembourbés retrouvent un faciès plus habituel. Ces enfants de prime abord sauvages passent, sous l’égide du père, leur journée à endurcir corps et cortex loin de tout système imposé par la société consumériste dominante. Ainsi dissertent-ils, de 5 à 18 ans, autour du feu, des théories marxistes ou théorèmes mathématiques complexes, tout en jouant de la musique ou en escaladant à mains nues les falaises de la région. Le décalage est plutôt amusant et l’on se dit qu’ils sont peut-être plus heureux ainsi que tous les moutons qui les encerclent. Mais quand Ben, une fois en route pour la grande ville, met sur pied une opération de vol à l’étalage et offre à chacun de ses petits un couteau à l’occasion du « Noam Chomsky day » plutôt que de Noël, une gêne s’interpose mettant frein et limite à l’utopie hippie. Le capitaine de ce drôle d’équipage, dont on ne connaîtra malheureusement jamais la genèse, ne serait-il pas plus fanatique que fantastique en obligeant sa famille à vivre dans un isolement à risque ? Ces enfants épanouis sont-ils des singes savants sous emprise à même d’affronter un jour le monde sis à leur porte ? La révolte se fait sentir et inquiète. Heureusement que le film équilibre les forces avec humour en évitant les écueils d’un manichéisme simpliste entre rats des villes et rats des forêts, permettant à chaque camp d’exposer ses convictions tout en autorisant une remise en question. Force est de constater que l’éducation reste un sujet tortueux ou rien n’est simple, rien n’est évident.
7/10
twitter.com/cinefilik
cinefilik.wordpress.com
Créée
le 20 oct. 2016
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