Ceci n'est pas un film de super-héros

Un papa barbu élève ses enfants dans une forêt. S'inspirant du kalos kagathos des grecs anciens, le père cultive le corps et l'esprit de sa progéniture. Tous les matins, la famille gravit des pentes en courant et en riant, le jour les plus grands chassent des bestiaux sauvages à l'arc qu'il étripent joyeusement et le soir les gamins parcourent des traités d'astrophysique à la chandelle ou se détendent en relisant du Noam Chomsky.


Et puis, le drame, le papa apprend que la maman, qui résidait à l'extérieur, dans le monde civilisé quoi, a disparu. Pardon, est morte. Contre la volonté du patriarche visiblement fâché avec le béton et le bitume, les enfants insistent pour aller à l'enterrement. La père cède et c'est le début d'un voyage qui va confronter nos sauvageons hippies avec le monde moderne.


Malgré sa bonne intention, c'est-à-dire nous faire prendre de la distance avec notre façon de vivre, plusieurs points viennent hélas plomber le propos. Nos survivalistes deviennent rapidement peu crédibles, pour ne pas dire aussi improbables que la vie sur le soleil. Quel gamin peut apprendre la Constitution des Etats-Unis avec bonne humeur ? Les tensions familiales versent dans la caricature, l'Autre, l'américain qui a une voiture et une maison, qui vit avec ses comparses, est décliné de plusieurs manières (le beau-père, la sœur, les neveux, ...) mais est toujours présenté au final comme un gros con. Et Noam, il vit en pagne dans la jungle peut-être ? Les quelques pointes d'humour bienvenues prouvent que le film se prend souvent trop au sérieux et nous donnent un goût de pas assez. SPOILER :


Humour parfois involontaire. Quand le papa verse du pinard à ses gosses devant sa sœur outrée, il leur explique que tous les français font ça. Éclat de rire général dans la salle.


Quel est le but d'élever des surhommes dans un isolat en forêt ? Quel est le projet à long terme ? Les enfants vont s'accoupler entre eux pour se reproduire ? Quel est l'intérêt d'une désobéissance invisible ?


Néanmoins, j'ai cru y déceler une réflexion sur l'éducation, et c'est ce qu'il me reste de vraiment positif : ne pas tout attendre de l'école, se prendre en main et tirer son apprentissage vers la haut. Et j'aime bien la toute fin, que je trouve à titre personnel ambiguë (et pas manichéenne, enfin !)


Captain Fantastic aurait pu... si... et si... Mais au final trop tard.
Qu'il commence déjà par prendre un autre titre.

Llywel
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le 3 févr. 2017

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Llywel

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