Un thriller pas très captivant
Avec ses airs de "Prisoners" de son compatriote Denis Villeneuve, Atom Egoyan nous livre un thriller glacial, construit comme un puzzle se voulant ludique, mais sans avoir la complexité de "Enemy", le scénario se perdant dans des facilités, avec un final précipité manquant de crédibilité.
Matthew Lane (Ryan Reynolds) laisse sa fille de 9 ans, Cassandra (Peyton Kennedy) seule dans sa voiture, en allant acheter une tarte. A son retour, elle a disparu. Nicole Dunlop (Rosaria Dawson) responsable d'une cellule de lutte contre la pédophilie est chargée de l'enquête, avec l'aide de l'inspecteur Jeffrey Cornwall (Scott Speedman). 8 ans plus tard, Cassandra (Alexia Fast) vit enfermée dans une pièce, chez Mika (Kevin Durand), ou ils observent sa mère Tina (Mireille Enos) au travail.
Atom Egoyan est un réalisateur froid, tout en étant humain. Il aime prendre son temps pour distiller une atmosphère particulière, cela marche très bien dans la première heure, mais moins, voir plus du tout au fil d'une histoire qui se perd dans des facilités scénaristiques et dans des scènes d'actions incohérentes.
Le film est monté comme un puzzle, sans jamais faire de différence de lumière et photographie dans les flashbacks, nous obligeant à faire attention aux détails, surtout qu'en 8 ans, les acteurs (trices) n'ont pas changé physiquement. Cela sème une légère confusion au début, c'est même ludique, ce qui n'est pas désagréable, en faisant du spectateur, un enquêteur. Mais par ce biais, il annonce aussi tout les événements à venir, gâchant tout suspense et devenant donc prévisible.
Dès la première scène, on sait que Cassandra est vivante et enfermée par Mika, tout en donnant l'air d'accepter son sort. Atom Egoyan s'inspirant fortement de celle de Natascha Kampusch, elle-même enfermée durant 8 ans par son geôlier Wolfgang Priklopil, et qui va finir par souffrir du syndrome de Stockholm. En montrant dès le début ce fait, il casse un premier suspense, est-elle en vie ou morte ? Puis un autre, en donnant l'identité de son kidnappeur. Il reste donc à savoir, comment vont-ils la retrouver ? Mais en faisant cela, il rend la suite plus fluide, le scénario étant faussement complexe, le chemin étant finalement linéaire.
Mais le pire, c'est l'absence d'émotions, d'empathie du début à la fin. A partir du moment ou on sait, qu'elle est en vie et en bonne santé, la souffrance de ses parents est moins touchante, surtout qu'ils sont interprétés par Ryan Reynolds et Mireille Enos. Le premier toujours aussi fade et la seconde, continuant de jouer les femmes dépressives, la rendant de plus en plus énervantes, à force d'en faire trop. Le casting est lui aussi, peu réussi, en dehors de Rosario Dawson. Pourtant Kevin Durand, semblait intéressant au début, mais comme le film, il s'effondre doucement, comme Scott Speedman, surement l'inspecteur le plus stupide de la terre, ou du moins de l'Ontario. Impossible de dévoiler ses faits et gestes, sans raconter le film, mais en s'obstinant à faire de Ryan Reynolds son suspect (ce qui est plausible), il s'enfonce en accumulant les réactions et actions, qui mènent à une perte évitable.
Tout se déroule avec une facilité déconcertante : la découverte des caméras, comme l'identité des kidnappeurs. Atom Egoyan ne maîtrise pas son scénario jusqu'au bout, ni ses scènes d'actions : la course poursuite, puis le final. C'est bâclé et vite expédié. Son thriller glacial comme les paysages enneigés de l'Ontario, nous laisse de marbre, face à son caractère pesant.
La comparaison avec "Prisoners" n'est pas flatteuse, certes Atom Egoyan tente de nous livrer un film moins manichéen et s'il le réussit au début, dès que le puzzle est mis en place, cela s'essouffle considérablement. Son esthétisme a beau être réussi, cela ne suffit pas à rendre l'intrigue passionnante, alors que la pédophilie est un sujet fort, on reste perplexe face à l'absence d'émotions, de la froideur de ses plans, comme de l'interprétation. Le film se laisse suivre, comme un roman photo sur papier glacé, jusqu'à un clap de fin libérateur.