Une année cinématographique se termine et une autre commence, il est donc temps d'entamer 2015 avec le nouveau film d'Atom Egoyan, dont je n'ai vu qu'un seul film le bancal Chloé, remake insipide qui ne devait que son intérêt pour son casting. Et je dois dire que 2015 commence de façon un peu frileuse, Egoyan n'opérant pas un retour en grande forme semble-t-il avec cette réponse un peu molle à l'excellent thriller de Villeneuve, Prisoners qui était bien plus accompli et satisfaisant dans le sujet difficile qu'il traitait.
Ici scénaristiquement le film est pompeux, tout d'abord on retrouve les thèmes prédominants de Egoyan, à savoir la solitude qui permet d'ailleurs de broder différents portraits de personnages assez intéressants tous caractérisés par cette solitude chronique, mais on retrouve aussi l'aspect qu'il entretient avec la technologie et le contrôle sauf que là, le film à 10 ans de retard. Ce sont des éléments qui ont déjà été vu et explorer de façon plus intéressante ailleurs surtout qu'ici l'aspect contrôle informatique est survolé plus que véritablement traité, il ne sert que de rebondissement pour l'intrigue au lieu de faire passer un message fort et cohérent. D'ailleurs il n'y a pas que sur cela que le film est succinct, il y est aussi dans le traitement de ses personnages car même si ceux-ci ce révèle assez intéressant mis à part le caricatural kidnappeur et le flic suspicieux qui en a trop vu que nous aussi avons déjà trop vu dans ce genre de film car il est bien trop cliché. Quant j'y pense la plupart des personnages sont clichés en faite mais là ou certains arrive à palier ça dans leur évolutions certains ne font que persister dans ce cliché comme le flic par exemple. Les parents eux seront beaucoup plus intéressant dans leur sentiments de culpabilités et de mépris devenant de véritables âmes en peine, airant sans but concret et répétant les mêmes routines encore et encore. Cela handicapera fortement le personnage de la mère in fine car il finit par être totalement passé sous silence, là ou le père trouvera une voie à suivre, elle, se trouve être condamné de cette même routine au point d'être réduit en gimmick. Cette notion est plutôt importante dans le film qui s'amuse à les multiplier mais cela étant directement liés à l'intrigue ça ne pose pas de problèmes et ça permet d'avoir quelques moments bien senti même si c'est dommage quand cela fini par réduire le développement de certains personnages. Seul le père et la flic seront suffisamment intéressant dans leur questionnements et leur développements pour créer un propos et de l'émotion, qui manque cruellement au film quand même. Car à trop vouloir multiplier les points de vue, l'impact du film se dilue comme l'intérêt du spectateur même si on est curieux de voir on l'on va, on ne s'implique pas émotionnellement comme on n'avait pu le faire pour le film de Villeneuve. De plus cette multiplication de personnages principaux me rappelle le jeu vidéo Heavy Rain, dont les deux partage un scénario simpliste qui ne tient qu'à moitié ses promesses. Car ici les rebondissements de l'intrigue sont risibles, se rapprochant d'une série Z faute à une caractérisation trop caricaturale et stéréotypés des figures pédophiles qui nous peinent à prendre tous ça au sérieux. Pour cacher cette apparente simplicité, le film décide d'adopter une narration alambiqué pour perdre inutilement le spectateur, ce qui permet au film d'éviter une certaine fadeur et d'éviter un temps soit peu que l'on s'ennuie car on reste intrigué par cette narration mais cela contribue à enlever tout attachement émotionnel, on ne regarde plus un drame poignant mais un puzzle dont les finalités sont simples et un peu ridicule, un peu comme le final du film dénué de tous enjeux émotionnels et moraux, donc très convenu.
Pour ce qui est du casting, il est clairement la force du film mise à part Kevin Durand qui cabotine comme jamais et qui rend son personnage encore plus ridicule qu'il ne l'était déjà. Pour croire à l'histoire avec un méchant pareil c'est pas évident, rien ne fonctionne que ce soit dans son écriture, son interprétation ou la façon de le mettre en scène. Sinon le reste du casting est impeccable que ce soit Mireille Enos, excellente en mère désespérée, Scott Speedman, très bon dans son rôle de flic même si son personnage est parfois grossièrement écrit, Rosario Dawson, égal à elle même donc très juste tandis que la vrai surprise vient de Ryan Reynolds. Il a toujours été pour moi un acteur insipide, incapable de jouer convenablement dons toujours monolithique mais ici il me surprend dans une interprétation étrangement épaisse et juste, il arrive parfaitement à retranscrire les craintes et les troubles de ce père de famille rongé par sa culpabilité. Même si ce n'est pas l'interprétation du siècle il arrive à être bon et ça c'est un miracle en soi.
Pour la réalisation, la photographie est léchée, la BO discrète et peu mémorable servant plus de bruit ambiant pour accentuer l'ambiance froide du film tandis que le montage lui se montre assez ingénieux, servant la narration fragmenté à merveille. La mise en scène d'Atom Egoyan quant à elle est très froide et très clinique, ce qui est un choix assez inhabituelle pour un film qui devrait avoir une implication émotionnelle forte. En tout cas ce choix là, on aime ou on aime pas et personnellement je n'en suis pas particulièrement fan. D'ailleurs globalement la mise en scène sent le chaud et le froid entre plans séquences maîtrisé à la perfection, certains plans ingénieux à l’efficacité redoutable et certaines structures de scènes bien pensé mais en parallèle je n'aime pas les scènes qui mettent en scène le pédophile qui sont caricaturales et grandiloquentes notamment dans leurs volontés de toujours montrer son reflet et ses expressions comme lorsque qu'il observe son ordi et qu'un miroir est placé juste à coté pour que l'on voit bien son visage et ses expressions étranges. C'est très surfait, prétentieux et cela sonne faux surtout que c'est utiliser à outrance dans chacune de ses apparitions.
En conclusion The Captive est un film moyen qui rate la moitié de ses effets, certes il captive et intrigue mais il enlève toute implication émotionnelle, il jongle entre de très bonnes idées comme de très mauvaises ce qui fait que l'ensemble navigue souvent entre thriller sophistiqué et nanar qui passe à la télévision en plein milieu de l'après midi sur les chaines nationales. Néanmoins le casting est irréprochable et le film dispose de suffisamment de savoir faire pour arriver à offrir un ensemble regardable et pas trop ennuyeux, le film ayant un très bon rythme et ne souffre d'aucunes longueurs, c'est certes bancal mais c'est pas honteux pour autant et on arrive à na pas trop s'attarder sur les nombreux défauts. Au final le plus gros soucis du film c'est d'être passé après le Prisoners de Villeneuve qui avait installer un nouveau standard dans le genre et The Captive fait indéniable dépasser lorsque l'on pousse l'inévitable comparaison.

Créée

le 7 janv. 2015

Critique lue 1.9K fois

10 j'aime

2 commentaires

Flaw 70

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

10
2

D'autres avis sur Captives

Captives
Gand-Alf
4

Blanc comme neige.

Après une poignée d'oeuvres plus confidentielles, Atom Egoyan revient à un cinéma plus accessible, plus grand public, avec The Captive, présenté au festival de Cannes en 2014. S'articulant autour...

le 11 févr. 2016

20 j'aime

Captives
EleanorR
8

Captivant.

Je ne comprendrai jamais le public cannois. Comment un tel film a-t’il pu être hué, jugé indigne de ses pairs ? Cette fable cauchemardesque m’a envoûtée puis paralysée. Telle un Prisoners conceptuel,...

le 8 sept. 2014

18 j'aime

Captives
Frédéric_Perrinot
5

Heavy snow

Une année cinématographique se termine et une autre commence, il est donc temps d'entamer 2015 avec le nouveau film d'Atom Egoyan, dont je n'ai vu qu'un seul film le bancal Chloé, remake insipide qui...

le 7 janv. 2015

10 j'aime

2

Du même critique

Glass
Frédéric_Perrinot
6

Une bête fragile

Alors en plein renaissance artistique, M. Night Shyamalan avait surpris son monde en 2017 lorsque sort Split et nous laisse la surprise de découvrir lors d'une scène en début du générique de fin...

le 22 janv. 2019

66 j'aime

6

Ça
Frédéric_Perrinot
7

Stand by me

It est probablement un des plus gros succès et une des œuvres les plus connues de Stephen King, et il est presque étrange d’avoir attendu aussi longtemps avant d’avoir eu une vraie adaptation...

le 22 sept. 2017

63 j'aime

1

A Cure for Life
Frédéric_Perrinot
8

BioShock (Spoilers)

Après une décennie à avoir baigné dans les blockbusters de studio, Gore Verbinski tente de se ressourcer avec son dernier film, faisant même de cela la base de son A Cure for Wellness. On ne peut...

le 17 févr. 2017

59 j'aime

3