Une arnaque peu palpitante, convenue et longue au démarrage qui ne restera pas dans les annales.

Quand on va voir un film d’Olivier Marchal on sait ce que l’on va y trouver : des histoires de flics, de ripoux, de gangsters et de putes au grand cœur. Une espèce de réactualisation contemporaine des grands polars des années 80 avec la certitude du réalisme, le monsieur étant un ancien membre du 36 quai des Orfèvres. Ce lieu mythique de la police parisienne avait d’ailleurs été le sujet de son second film. On n’est donc malheureusement pas vraiment surpris et on rentre à la projection de « Carbone » comme dans des chaussons. Le cinéaste tente de se renouveler un peu en adjoignant à sa classique trame policière une arnaque financière. Cependant, le monde de la finance est loin d’être le sujet le plus à même d’être porté sur grand écran et son arnaque (tirée de faits réels) est particulièrement compliquée à saisir pour qui n’a pas une certaine maîtrise des rouages de la finance et de la comptabilité. Du coup, la première heure a du mal à nous captiver et son histoire à se mettre en place.


Marchal se contente de filmer certes proprement, avec son style travaillé et plutôt chic, son histoire de casse virtuel sur la taxe carbone mais reste sur ses acquis. Il ne renouvelle jamais son atmosphère pesante aux dialogues très sentencieux ni la tonalité sombre de son cinéma. Il a beau s’y connaître et rendre ses films empreint d’une véracité pertinente, tout cela semble ne jamais sortir des ornières classiques d’un cinéma de genre grandiloquent et excessivement tragique. Le rythme s’accélère néanmoins vers la fin évitant ainsi l’ennui avec quelques fusillades sèches et moments violents qui sont l’une de ses marques de fabrique. On échappe donc à une trop désagréable impression finale mais dans l’ensemble « Carbone » n’est guère mémorable. On assiste impassibles à des règlements de comptes, des trahisons et des mises à mort qui ne surprennent plus dans un genre balisé et ultra codifié ; notamment par lui-même depuis une bonne décennie.


Le meilleur est finalement dans les joutes verbales entre Benoit Magimel et les acteurs les plus chevronnés voire mythiques du casting. Des fameuses gueules de cinéma qui sont la clé de voûte de ce type de films. Gérard Depardieu est ici immense et montre qu’il peut toujours être un excellent acteur quand il est bien dirigé. Idem Pour Dani et Moussa Maaskri qui sont les contrepoids intéressants et plaisants du personnage principal incarné par un Magimel de plus en plus intense au fil des années. Comme si ses démêlées judiciaires apportaient de la consistance à son jeu. En revanche, les seconds rôles plus jeunes font peine à voir et relèvent du cliché, d’une Laura Smet inutile et invisible au duo Gringe/Indir Chender en roue libre. Le faux suspense de la fin est appréciable mais un peu attendu comme l’est « Carbone » dans son ensemble. Il satisfera néanmoins les amateurs du genre les moins regardants. C’est un polar carré au charme désuet mais trop sur de ses acquis et au final paresseux et prévisible.

JorikVesperhaven
5

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le 3 nov. 2017

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Rémy Fiers

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