Pour une fois, Olivier Marchal semblait s'éloigner de son genre de prédilection, le polar, en proposant un thriller sur une arnaque qui s'est réellement déroulée à la fin des années 2000 : la taxe Carbone. Elle a permis à des truands de s'enrichir illégalement, et c'est dans ce piège que va s'engouffrer Benoit Magimel, alors qu'au départ, il s'agissait d'une manœuvre destinée à sauver son entreprise, au bord du dépôt de bilan.
Mais très vite, le naturel de Marchal reprend le dessus, et nous revoilà proche de la noirceur de ses films précédents, où Magimel va se trouver dans une merde noire jusqu'au cou à force d'avoir voulu s'enrichir illégalement. Il y a un casting assez séduisant, notamment Gégé qui incarne le beau-père (de confession juive) qui n'arrête pas de se moquer de son gendre, Laura Smet (sa future compagne), un très bon Mickael Youn (bien loin de ses pitreries), et l'étonnante Dani, qui est la mère de deux hommes de main de Youn, qui ne respire pas forcément la sympathie.
Si le meilleur de Marchal est là, avec une action trépidante, au point qu'on ne pige pas du tout ce qu'est cette taxe Carbone et une image vraiment léchée, on retrouve aussi quelques-uns de ses travers avec des personnages secondaires caricaturaux (Gringe et Idir Chender) qui sont mauvais comme tout, et un dialogue qui à un moment donné se résume à enculé, fils de pute, putain, pute et connard, si je n'ai oublié une phrase. Quant à Magimel, là aussi, il est plutôt bon en homme malgré lui, mais qui semble quand même avoir mis le doigt dans un engrenage de plus en plus fatal. Carton rouge également à la pauvre Laura Smet qui est ce qu'on appelle une utilité, car la pauvre ne sert vraiment à rien, en plus d'être maltraitée ; difficile fin d'année 2017 pour elle...
Olivier Marchal est un réalisateur que j'aime bien, qui n'hésite pas à aller au charbon quand il s'agit de parler de la violence, qu'il connait bien, mais il lui faudrait un dialoguiste digne de ce nom, car là, il atteint une limite dans son système ; pour la noirceur, il ne peut guère aller plus loin, pour la réalisation, il sait filmer et mettre en images.