S'attaquer à un chef d'oeuvre n'est jamais chose aisée. Tenter de faire le remake d'un film culte de DePalma, lui même adapté du livre qui a placé le nom du King dans toutes les bibliothèques et sur toutes les lèvres tient de la gageure. En l'occurence Kimberly Peirce, qui avait réalisé l'excellent Boys don't cry n'était pas forcément un mauvais choix pour donner un nouveau souffle aux malheurs de Carrie. Un point de vue féminin pour relater la difficile entrée dans l'adolescence d'une jeune fille mal dans sa peau, sur le papier, ça peut marcher. Sauf que.

Sauf que Peirce n'a absolument pas le talent de réalisateur de DePalma. Sa mise en scène est au mieux fade, au pire catastrophique. Comparaison n'est pas raison, certes. Et si le film tenait en soi, on pourrait lui pardonner de défigurer ainsi un monument. Malheureusement, Carrie ne dépasse jamais le statut de film pour adolescents grossier, mélange entre teen comédie un peu cucul et slasher bas du front. Et certaines scènes sont franchement pénibles à regarder, tant elles sont maladroites. Témoin le dernier quart du film, le fameux "Bal du diable", moment de bravoure supposé qui retombe comme un mauvais soufflé.

Sauf que Chloé Moretz, malgré tout son talent, est un miscast complet. On la sent qui tente ce qu'elle peut pour passer pour une exclue, le teint pâle, les épaules courbées. Mais elle ne parvient pas à exuder la fragilité de Sissy Spaceck. On ne croit pas un seul instant que la jeune fille puisse être ainsi mis au ban de son école. Mais elle a au moins le mérite d'essayer. Le reste du casting est tout simplement pitoyable, et leur jeu est encore plus mauvais que celui de leurs prédécesseurs, pourtant bien kitsch. Mention spéciale à Alex Russell, insupportable. Julianne Moore s'en sort un peu mieux, mais son rôle est particulièrement irritant.

Ce Carrie 2.0, en tentant de remettre au goût du jour une oeuvre culte, se vautre lamentablement. Le film en soi, pris indépendamment, vaut à peine 4. La comparaison avec son glorieux aîné ne joue pas en sa faveur.
Hyunkel
3
Écrit par

Créée

le 13 déc. 2013

Critique lue 387 fois

6 j'aime

3 commentaires

Hyunkel

Écrit par

Critique lue 387 fois

6
3

D'autres avis sur Carrie : La Vengeance

Carrie : La Vengeance
Filmosaure
5

Critique de Carrie : La Vengeance par Filmosaure

D’apparence soignée, la nouvelle adaptation du premier roman de Stephen King peine à se créer une identité propre et demeure dans l’ombre du Carrie de Brian De Palma. Le potentiel était pourtant là...

le 29 nov. 2013

24 j'aime

2

Carrie : La Vengeance
Bing
9

Tragédie Américaine

Je viens enfin de voir l'un des films dont j'attendais la sortie avec le plus d'impatience. J'ai même choisi d'attendre encore un peu pour ne pas avoir à le subir en version française; et à la vue de...

Par

le 4 janv. 2014

23 j'aime

15

Carrie : La Vengeance
Minou
3

Chris Hargensen, Billy Nolan et deux autres personnes aiment ça.

Née sous la superbe plume de Stephen King, Carrie White est l'archétype de l'adolescente mal dans sa peau. Maltraitée par ses camarades, bouc émissaire du lycée, elle subira l'horreur en silence...

le 7 déc. 2013

20 j'aime

3

Du même critique

Ma première fois
Hyunkel
3

L'amour au temps du Biactol

Bon en même temps, c'est vrai qu'avec un titre pareil, il ne fallait pas s'attendre à un film contemplatif sur la méditation transcendantale. Et que le résumé laissait augurer du pire. Mais bon, de...

le 17 janv. 2012

57 j'aime

6

Il était temps
Hyunkel
4

Back to the boring

Empereur de la comédie romantique à l'anglaise, Richard Curtis fait prospérer les vendeurs de mouchoirs depuis déjà vingt ans. Qu'il soit derrière la plume, comme pour 4 mariages et un enterrement et...

le 27 nov. 2013

29 j'aime

17

The Dark Knight Rises
Hyunkel
5

Gotham champ de bataille

Il y a sept ans, avant la sortie de Begins, Nolan partait avec le confort offert par un anonymat relatif, et surtout le désastre innommable, ineffable et total qu'était Batman et Robin. Aujourd'hui,...

le 27 juil. 2012

28 j'aime

7