Dans la catégorie maillon faible de Pixar, accueillons la saga Cars ! Lancée par un John Lasseter habile sur le thème de la conservation des valeurs Américaines, il commet une déroute à la sortie du second volet, à présent isolé. C’est donc Brian Fee qui reprend le flambeau afin de clôturer ce que le studio avait initié. Et quelque part, cette métaphore de succession prend davantage de sens en voyant ce tout dernier volet, riche en émotion.
A juste titre, Martin est évincé par Flash McQueen. La pendule remise à l’heure, on peut redémarrer et y aller à fond. Les thématiques sont matures et c’est déjà une bonne retrouvaille. Mais cette maturité ne ferait-elle pas défaut à une œuvre qui en oublie qu’elle est un style d’animation particulier ? Se rapprochant énormément de ce que « Rocky Balboa » a pu aborder, les plus jeunes pourraient avoir du mal à s’y retrouver. Le langage est plus technique et on nous épargne de nombreuses séquences hautement humoristiques pour laisser place à une histoire plus posée.
McQueen est au centre d’une évolution technologique qui l’étouffe peu à peu. Débordé mécaniquement et mentalement, une remise en question est de rigueur. Cela a beau ressembler au schéma du premier film, ce que l’on aura ici c’est une rétrospective sur le coaching. Et c’est le personnage féminin de Cruz Ramirez qui vient combler ce vide depuis la disparition de Doc Hudson. Avec des méthodes assez impressionnantes, elle fait appel au mental des coureurs. Le dépassement de soi n’est pas que physique, donc mécanique ici, mais l’esprit est autant un moteur que ce que chacun a sous le capot. De plus, sa présence est d’une fraicheur appréciable. Elle divertit aussi bien qu’elle enseigne. On y trouve un peu de McQueen en elle, douteuse par moment mais qui regorge de potentiel. C’est donc une double lecture de l’héritage que nous avons le plaisir d’assister.
Pour revenir au cas majeur qu’est la véritable cible de ce récit, ce sont bel et bien les plus « expérimentés » dans leur domaine. Par exemple, un enfant devra un jour succéder à ses parents, tout comme l’apprenti et le maître. Bien que le monde évolue, le plus jeune s’adaptera au rythme de sa génération. Mais pour que le passage soit moins brusque, il est d’usage de se familiariser avec ce rythme lorsque l’on commence à perdre de vue la route où elle s’y trouve. Ce n’est pas forcément évident à comprendre mais la métaphore s’enveloppe d’une réalité où chacun individu formé devra se conformer. Mais attention, il ne s’agit pas d’un effet miroir, du moins pas obligatoirement. Chacun trace sa voie et reste libre à tout moment d’adopter la rédemption ou l’évolution. Les deux personnages principaux sont au beau milieu de ce tourbillon de réflexion que l’on espérait depuis un moment. Comme quoi, une carrosserie vieillit mais peut toujours être remplacée.
On pourrait qualifier « Cars 3 » d’avoir du retard sur le premier long-métrage, mais il s’avère bien différent malgré la thématique de transmission et de rédemption. Ce film est clairement une lettre d’excuse du studio qui n’a pas su convaincre la majorité de son public. Mais il y a de quoi être surpris et la magie étincelle encore. Campant sur des valeurs sûres qui ont fait le charme de McQueen antérieurement, le film d’animation propose une lecture simple sur la volonté et l’obligation d’en finir avec la saga « maudite » du studio Pixar.