Quelle drôle d’idée de donner une nouvelle suite à la saga « Cars » qui s’avère clairement être aux yeux de tous, l’un des films les moins bons produits par la firme à la lampe. Le projet semble encore plus saugrenu quand on sait que le second opus, « Cars 2 », est considéré par les fans comme le pire film de toute l’histoire de Pixar et celui qui l’a entraîné dans une mauvaise passe. Lorsqu’il s’agit de donner des suites au « Monde de Nemo » ou aux « Indestructibles » (prévue pour l’année prochaine) on comprend mais là c’est tout de même moins pertinent. C’est donc avec les pieds de plomb qu’on rentre dans la salle de cinéma pour découvrir ce troisième opus. La relative bonne surprise en est d’autant plus grande tant ce nouveau volet ne recycle pas bêtement les recettes des précédents et évite leurs erreurs.
Alors bien sûr, « Cars 3 » reste dans la moyenne basse des films d’animation estampillés Pixar et on se demande pourquoi les têtes pensantes du studio n’ont pas plutôt choisi de donner des suites à « Vice-Versa », « Là-haut » ou encore « Ratatouille ». Mais, pourtant, on y prend un certain plaisir et le thème principal de celui-ci, basé sur la filiation et la transmission (que l’on féminise au possible, comme c’est à la mode en ce moment à Hollywood), est parfaitement abordé donnant lieu à quelques jolies séquences. En creux, le film dépeint aussi toute une imagerie véhiculée par une certaine Amérique qui se meurt laissant place à une nouvelle, encore plus capitaliste et reniant certaines valeurs. On retrouve cela même dans une forme toujours aussi soignée, entre les grands paysages typiques du pays de l’Oncle Sam mais aussi dans certaines de ses figures imposées devenues clichés (la serveuse de drive-in, la secrétaire ou encore les rednecks du Midwest transformées en véhicules comme le veut le concept de la saga).
L’humour tombe en revanche régulièrement à plat et s’avère beaucoup trop destiné à un public d’enfants. Il manque effectivement de second degré, que l’on retrouve plus en filigrane sur l’aspect visuel si l’on y prend bien attention. Il y a également un quart d’heure de trop et les scènes de courses automobiles sont vraiment trop répétitives. Celui qui se farcira les trois épisodes à la suite devrait avoir ces autos en horreur. Mais il y aussi quelques moments vraiment croustillants comme cette séquence dans le Derby de démolition ou toute la partie faisant honneur aux anciens coureurs. D’ailleurs certaines séquences voulant faire datées et mettant en scène des exploits de coureurs passés dégagent une jolie patine visuelle. Bref, « Cars 3 » n’a pas à rougir dans l’histoire de Pixar et s’avère peut-être le meilleur épisode d’une franchise pas terrible. En tout cas, dans un été très triste au niveau de l’animation, c’est peut-être le film à aller voir en priorité pour les bambins.