L'avis est subjectif, il me concerne, et ce que je vais écrire est seulement mon avis. Ce film n'est tout simplement pas estimé à sa juste valeur. La plupart des cinéphiles fragiles vont dégueuler devant ce film (esclavage = sujet toujours sensible en France), peut-être que l'humour assez cynique de Thomas N'Gigol et de Fabrice Eboué n'est pas assez bien pour eux. C'est quand même drôle tout ça (moins que le film, mais quand même), j'ai l'impression que le film qui vante le "patrimoine" du Nord de la France plaît au peuple (je ne pense pas qu'il en fasse un tour complet, je pense que le Nord est moins con, et plus riche que ça) , celui où les individualités des communautés réunies au sein d'une même famille vont plaire également (n'en parlons même pas). Mais on va en revanche souligner, derrière tout ça, qu'un film abordant l'esclavage qui n'est pas une fierté de la France, ni une fierté tout court, passe légèrement à côté de son sujet (alors que franchement, l'esclavage n'est qu'un prétexte, qu'un contexte de l'intrigue, c'est pas "12 Years a Slave"). Bizarrement.


Peut-être que la bande-annonce est meilleure que le film (j'ai vu le film une bonne dizaine de fois, soit plus que la bande annonce que j'ai vu genre deux-trois fois, et je peux vous assurer que non, toutes les scènes drôles n'y sont pas toutes incluses). Peut-être que le film n'a pas été compris par certains (et là je ne fais aucun rapport à la supériorité d'un parti ou d'un autre, surtout en traitant d'un film où le blanc est presque constamment supérieur au noir), je pense juste qu'on est tous plus ou moins sensibles à certains films, la cinéphilie c'est personnel, mais un peu d'ouverture d'esprit ne ferait de mal à personne.


Ce film me fait toujours autant rire, l'histoire de deux noirs : Joël (Thomas N'Gigol), celui qui trouve prétexte à la merde dans laquelle il se met tout seul : le racisme qu'il croit voir partout est la raison à beaucoup de choses pour lui. Ce qui m'amuse le plus dans ce personnage, c'est sa prétendue conversion à l'Islam, paradoxale, juste un outil de lutte contre la société du "blanc", à en rapeller Nation of Islam à une certaine époque aux Etats-Unis. L'autre, c'est Régis (Fabrice Eboué), son demi-frère plus clair que lui : le "Bounty" (noir à l'extérieur, blanc à l'intérieur) par excellence, légèrement stigmatisateur à en oublier ses origines. Les deux sont des symboles de l'intolérance et de la connerie humaine.


Et c'est la connerie qui va rendre ce film drôle : du comique à toutes les sauces, deux personnages pathétiquement drôles qui vont en baver tout le long du film pour avoir négligé la valeur morale d'un acte d'affranchissement. Des "ferme ta gueule sale pute j'suis musulman moi!" aux "liberté, égalité, nique ta mère!", en passant par "Jean Moulin!". Le film qui n'a pas marqué, et qui ne marquera peut-être jamais le spectateur lambda pour des raisons dont je me doute, et c'est dommage.


Le conseil que je pourrais donner à la personne (qu'elle soit noire, blanche, jaune, vert foncé ou même magenta fluo) qui veut voir ce film, c'est de ne pas se prendre la tête. Ne pas chercher la réflexion là ou elle ne réside pas, poser son cerveau et apprécier. C'est très con, c'est très drôle, et c'est ce qui compte. Parce que je ne vois pas l'intérêt de se taper systématiquement 3h de "chef d'oeuvre du 7e art" ou bien 1h30 de "politiquement correct" (et aller voir du "unconventional" en se pensant supérieurement différent et culturellement plus riche, c'est aussi politiquement correct, c'est à la mode).


Appréciez-le sans prétention. Et si vous ne l'aimez pas, c'est aussi votre droit, et vous pouvez avoir vos raisons.


Voilà, j'espère que vous aurez apprécié cette critique, et merci de l'avoir lue jusqu'au bout : c'est que vous accordez peut-être un minimum d'importance à mon avis qui n'est décidément pas celui de la majorité.

lyam19
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le 9 mai 2015

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