Lelouch tenait visiblement à faire une compilation des grands noms de son époque et des valeurs qu'ils partageaient. Ce sera le dernier film de Johnny, et s'il ne s'agit là que d'une coïncidence malheureuse, il y a bien dans Chacun sa vie un goût d'au revoir adressé à toute une époque par les artistes de sa génération.
Chacun sa vie, c'est Le Cinéma de Papa réactualisé, un melting pot chaotique dont les interconnexions posent la question de savoir ce qui a changé dans notre manière d'interagir aux autres. Et je m'étonne moi-même d'arriver ainsi à le défendre, car malgré ce chaos dans l'air du temps qui le lisse, le film est maladroitement ringard, tentant bizarrement de ressusciter plusieurs styles iconiques du vieux cinéma français.
Il compile aussi tout ce que j'en déteste : la monoculture du mariage pourri, de libidos larmoyantes, de basses tromperies et d'embrouillaminis familiaux ennuyeux. Tout cela aurait pu faire l'objet d'une critique, même légère, peut-être un peu nostalgique, et montrer l'espoir que suscite toujours l'arrivée d'une nouvelle ère (Le Cinéma de Papa, tmtc), au lieu de quoi le film cimente ces mentalités obsolètes dans un conservatisme entêté. Et malgré ses bonnes idées, c'est ce que Chacun sa vie demeurera : un chaos aux relents de passéisme.