Mise en abîme d'une redoutable modernité pour son époque, techniquement impressionnante et même assez jubilatoire dans le spectacle qu'elle constitue Singin' in the Rain figure parmi les incontournables de la comédie musicale du Hollywood classique. Réalisé par Stanley Donen ce festival virevoltant de couleurs chatoyantes, de chorégraphies endiablées et de chansons guillerettes nous place de plain-pied devant son incontestable virtuosité cinématographique. Visiblement conscient de sa propre maîtrise formelle et de son imperturbable précision visuelle et sonore Singin' in the Rain demeure indiscutablement un chef d'oeuvre de technicité, réglé au millimètre à chaque numéro de claquettes, pirouettes et autres galipettes...


Tournée à l'apogée du Cinéma de studios la pierre angulaire du talent de Gene Kelly marque à raison l'Histoire du Septième Art : paroxystique et généreux, Singin' in the Rain réinvente Hollywood à la manière d'une satire burlesque plutôt savoureuse à suivre, jouant savamment de ses ressorts et de ses trucs pour le plus pur plaisir caustique... C'est la voie que Stanley Donen emprunte pour développer sa mise en abîme sur le Cinéma : jouer sur les décalages entre l'aboutissement visuel du cinéma muet et les premiers balbutiements du film parlant ( l'action du film se déroule en 1927, juste après la sortie du Chanteur de Jazz ) tout en enchaînant les séquences comme autant de numéros scéniques absolument flamboyants. Toutefois l'aspect prodigieux et implacable de la technique usitée donne un sentiment légèrement embarrassant de chef d'oeuvre trop propre, trop fabriqué... trop parfait, en somme. Laissant peu de place à l'improvisation ou aux accidents de tournage Singin' in the Rain est de ce genre de pièces maîtresses à la mécanique impeccablement huilée mais trop contrôlées, trop pensées pour inspirer l'émotion. Rien ne dépasse, rien de manque si ce n'est le petit grain de folie autrement appelé "état de grâce".


Cette débauche de virtuosité - si elle sidère de prime abord - finit par procurer un amer sentiment d'indifférente admiration. On dévore des yeux ce spectacle intarissable comme on mangerait goulûment un Saint-Honoré un brin écoeurant... perdure alors la sensation d'une oeuvre excessive, certes extraordinaire mais aussi très outrancière et ripolinée à renforts de Technicolor.

stebbins
8
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le 30 avr. 2015

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stebbins

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