J'avais beaucoup d'appréhension sur ce nouveau film. La bande annonce était prometteuse mais bon, un titre pareille aurait tout de même du me mettre la puce à l'oreille. Je dois cependant avouer que la note moyenne du film me surprends. Appelez ça l'instinct mais quasiment toutes les erreurs que j'avais imaginé en visionnant la bande-annonce se sont confirmés. Le film a la particularité de passer du coq à l'âne. Les premières minutes laissent présager une espèces de future dystopique à la Robocop ou encore Elysium avec des robots en guise de représentants des forces de l'ordre. Le film débouche ensuite sur une vaine tentative de développer quelques pistes sur l'âme des IA, le rapport de l'homme au robot. Une enième vision robotique confrontant le créateur à sa créature en passant par toutes les phases de la naissance, jusqu'à la crise d'ado et la rébellion. Bref on tente d'humaniser le robot, l'allégorie de l'enfant étant évidente avant de déboucher sur un conte enfantin virant au blockbuster de série B. Chappie n'est finalement qu'un prétexte pour déverser une idéologie ordolibérale vaseuse.
Parlons tout de même du point positif : les effets spéciaux. Blomkamp est tout sauf un débutant et intégre parfaitement les images de synthèses avec les prises de vue réelles. Il y a un vrai travail sur toute la partie mécha, monde dont il est clairement amateur au même titre que la science fiction, son genre de prédilection. Le petit Chappie est réellement vivant et jamais le film ne tombe dans la laideur numérique.
Tout le reste est à malheureusement un fiasco total. Bien que le réalisateur soit un visionnaire, il s'avère ici incapable d'élaborer un scénario un tant soit peu crédible qui justifie tous les effets spéciaux ou thématique abordée. Chappie nous sert finalement une histoire d'une simplicité enfantine, pleine de contresens, de situations totalement illogiques et de passages manquant d'explications et de transition entre différentes idées, des dialogues au ras des pâquerettes (qui n'a pas rigolé chaque fois que la gangster ouvrait la bouche ?). En clair, le scénario est à mi-chemin entre un celui d'un mauvais blockbuster américain et d'un film pour enfant prenant son public pour plus idiot qu'il ne l'est. La mise en scène. ? C'est là que Blomkamp n'est pas à la hauteur. Comme je le disais au début chaque séquence semble sorti d'un film différent : les séquences centrées sur la découverte de la vie de Chappie, la partie scientifique, les scènes impliquant les policiers robots, les scènes avec le trio lourdingue, les passages pseudos humorisitque, sans parler du monde futuriste qui est finalement totalement sous exploité. La direction d'acteurs est catastrophique : les acteurs n'ont pas la moindre idée de ce qu'ils sont en train de faire, comme s'ils ne connaissaient pas l'importance de la scène dans laquelle joue, où la direction que prend le film. Donc ils improvisent : tantôt, ils surjouent à l'excès, tantôt ils sont complètement amorphes. J'ignore ce que Hugh Jackman est allé faire là dedans mais je ne l'avais encore jamais vu dans un rôle aussi ingrat. Pire encore, il ne dégage absolument rien même pas de l'antipathie alors qu'il est tout de même sensé être l'antagoniste. Pas grand chose à dire sur Sigourney Weaver tant son rôle est effacé. On retrouve également Dev Patel qui hérite d'un rôle caricatural. Il est d'ailleurs totalement en retrait durant la moitié du film. Slumdog millionaire semble bien loin. Le reste du casting se limitent aux 3 voyoux, campés par des acteurs inconnus qui le resteront surement d'ailleurs. L'absence de charisme, de conviction dans leur personnage, donne le sentiment qu'ils sont des débutants, comme des figurants propulsés au casting par un concours de circonstances. Cela étant, ne soyons pas mauvaises langues au vue des l'écriture des personnages il est clair que même l'acteur le plus talentueux aurait eu l'air ridicule comme tout comme Hugh Jackman et sa coupe de mulet.
La pensée libérale de Hobbes (Le Léviathan) plane sur le scénario. L'homme est visiblement mauvais à la base et c'est donc à la société qu'incombe la tâche d'assurer la sécurité, contre la liberté. C'est qui justifiera finalement un syllogisme sur le mépris de l'homme au profit du robot. Les personnages se divisant en deux catégories : Gentils cons/méchants cons. Le tout infantilisés au maximum, sans aucune psychologie. Ce manichéisme aboutira finalement au fantasme de l'immortalité via le transhumanisme.
Un film hallucinant de médiocrité, reprenant les pires travers de blockbusters américains, sorte d'improbable mélange entre Elysium, Robocop et I, Robot. Bref à fuir.